jeudi 3 janvier 2013

HISTOIRE DE VILLAGE ( 2 ) : Tongarivo .

 Commentaires : Les villages fluviaux longent l ' affluent de Vavarana qui se jette au Sud , dans le fleuve Manandona . Dix ( 10 ) Fokontany ou division administrative décomposent la commune rurale en question . Mais c 'est le hameau de Tongarivo qui nous intéresse , ce bout de vallée fluviale composé de milliers de paysans heureux , paisibles et qui sont à la fois , tireurs de pousse saisonniers en ville ou musiciens de fanfare célèbre dans toute l' île ( Be mozika ny Tongarivo ) . Photo : Au loin , les hameaux de Soamonina ( Heureux ceux qui sont ici ) , de Tongarivo ( Ils seront des milliers à venir ) et de Tsaramody ( Il est bon de revenir chez soi ) .

Introduction :
  L' Histoire des villages peut se lire , le plus simplement possible , au travers ces générations vivantes des familles paysannes résidentes en régions dites sub / péri  - urbaines . La vision dualiste Ville/Campagne tend à simplifier un village et à sublimer ou dénigrer aussi la ville . Les paysans , eux , seront aussi réduits en toute bonne foi pourtant  , et selon les termes classiques de maints projets , comme  des cibles , ou comme des population  bénéficiaires et enfin , comme étant " des partenaires du terrain " . Ce qui sous - entend une passivité de leur part et qui induit certains en erreur et à imaginer qu ' ils sont et ne seront que les destinés aux aides car  " passifs " . Mais par delà  les termes de définition usuels , ce sont presque toujours les " non - paysans " qui conçoivent ou qui expertisent ( la vie ) des autres en brousse . Réquisitoire connu pour les abonnés du Blog ( pour ) les paysans .
 Les récits du jour et ceux qui s ' ensuivront après aborderont la sous région orientale de la ville d  Antsirabe . Des paysans , à la fois tireurs de pousse et musiciens y vivent et prospèrent , selon leurs propres " chrono " . Une approche n 'est jamais bonne ou mauvaise , mais insuffisante et incomplète . Comment une société rurale était passée de l ' économie de survie , vers une économie de subsistance ? Récit .

Commentaires : Dessin sur Pousse pousse : " Io lay Tànana " ( Voilà le village ) .

Commune rurale d ' Ambohidranandriana .
Situation : Est d ' Antsirabe , à une ( 1 ) heure de marche de la ville  . 17 000 âmes . 182 Km2 . La commune s ' étale le long d' une plaine fluviale . La petite rivière de VAVARANA  , longueur approximative 100 km environ , serpente dans les  " sillons "géographiques de la plaine de Manandona . Le long des berges , des hameaux séculiers , des villages isolés , nos paysans exploitent patiemment leurs parcelles de rizières ancestrales . Comme toujours . Pour les joindre ,  la bonne marche au travers les bosquets de mimosas et les frondaisons d ' eucalyptus , est plus pratique pour aller vers eux , ces gens de la terre . Juste connaître les raccourcis et les pistes charretières .
L ' Histoire de la commune s ' égare et se camoufle dans la nuit des temps ou bien  classée dans les archives sur la création des villes à Madagascar . Antsirabe , après la mise en place " d ' une avenue et d ' une pompe publique " par le  Pasteur norvégien Rosaas fut devenue une ville en 1920 .
 Selon , les vieux paysans eux même , leur commune d ' Ambohidranandriana servait de zone de transit vers le Sud et de points de passage pour le  Nord - Sud et l ' Est - Ouest , et ce ,  durant les royautés ( Radama I vers 1820 et les Reines Ranavalona 1835 ) . Puis , soudainement , La commune entra brutalement encore dans l ' Histoire moderne durant notre  CRISE socio - politique de 2002 ;  quand le pont de Fatita avait été dynamité ...alors tous les taxi brousse durent trouver une déviation et avaient , de fait ,  réanimé  les vieilles routes historiques et les pistes royales perdues de l ' Est .Celles ( pistes ) qui desservent les commune rurales de FANDRIANA et de SANDRADAHY connurent en ces moments troubles un trafic phénoménal de 100 voitures / jour .
Bref , la mémoire profonde des villages se trouve bel et bien hors  des routes nationales ; Elle ( mémoire ) se situe là bas où les villageois évoluent toujours au rythme des astres et survivent malgré les caprices du temps , des saisons et quelque soit la difficulté du contexte politique ou non  .

 Aperçu économique .
Une famille paysanne des Hautes terres pratique une exploitation dite parcellaire , avec une moyenne de 70 ares / familles . La mise en valeur culturale de bas fond arrosée par des sources ou fleuves est combinée
avec l ' exploitation des pentes collinaires et des tanety ( cultures pluviales ) . L ' itinéraire économique d ' une famille peut se résumer en quatre ( 4  ) étapes distinctes : a ) L ' implantation . b ) La valorisation . c ) les investissements et , enfin ,  d ) le pluri - activisme saisonnier ou non .
  Commentaires : Photo ; Mpivady mpanefy vy . ( Le couple forgeron  ) .  Cette image étonne car la femme , souvent , ne forge pas , mais elle reste au village pour les enfants , pour le jardin , pour la basse cour et pour la rizière . Une des particularités des Hautes terres , c 'est cet engagement de plus en plus fréquent des femmes ruraux à accomplir les même métiers que leur homme  . Les paysans modestes disent souvent qu ' en cet époque difficile " Ny vola no lasa vady "Nous ne sommes , hélas , que mariés avec les sous . "
N B :  le NON - DIT  du dicton car la pudeur et la  fierté obligent :  Cette misère chronique et l ' humiliation quotidienne qui sont le lot du pauvre besogneux .

Itinéraire économique classique .

a ) Implantation : Une famille commence par la culture vivrière ( riz , patate douce , légumes ) qui est couplée d ' une culture spéculative ( manioc , maïs , soja ...) ainsi que d' un petit élevage de basse cour ( canards , poules , lapins , cochon d ' Inde ...)

b ) Valorisation ; Quand après 4 ou 5 récoltes , la production réelle se précise et devient excédentaire ( AMBIN - BAVA ) , la famille commence à spéculer , avec pondération et prudence , sur sa propre production . Elle multipliera le nombre de volailles et elle s ' engagera dans l ' élevage de plus grosses bêtes ( cochon , vache à lait  ...)

ç ) Investissements 
Le circuit économique est à la fois court et régulier ( vente sur les marchés hebdomadaires avoisinants ou dans le village même ) . La famille " saute " dans d ' autres affaires . Elle revend ses cochons ou son lait et s ' achemine à l ' achat de charrettes et  de zébus utiles  pour le fumier et pour le transport  . Parvenu à ce stade là , cette famille commencera alors à agrandir son exploitation privée ou à s ' associer avec les autres villageois ( Cas des fermes collectives de 5 Ha ) .

d ) Le pluri - activisme distingue un paysan des Hautes terres . Il fait aussi de la location de main d ' œuvre ( SARAKANTSAHA ) en étant tireur de pousse en ville , ou aide - chauffeur de taxi brousse ou menuiser ou artisans etc .

Estimation du revenu annuel du  " petit et grand " paysan : De 200 000 Ariary / an  ( 68 , 96   Euro ) à   10 000 000 Ariary ( 3 571 , 42 Euro ) .


Commentaire : S ' Investir en zébu est le cycle final de l ' accumulation du Capital pour le paysan . Des zébus pour obtenir du compost , pour le transport et aussi pour l ' épargne .

N B : Cette estimation de richesse purement quantitative masque une autre réalité non moins importante : celle du phénomène du non - monétaire en brousse . La relative exclusion des paysans dans le circuit monétaire est dû à plusieurs facteurs à la fois économiques et culturels :

Constat 1 : le paysan a souvent un autre mode de calcul des valeurs , à la Malagasy . La pesée , par exemple , se fait en une boîte de lait concnetré  Nestlé ( 390 grammes ) , ou par charretée ( 250 kg ) .  La superficie se mesure parfois  " à pas d ' homme " ( VELARANA tokony 10 mandingana ou 9 mètres ) . Par ailleurs , chaque région possède son propre et spécifique " computer " .

Constat 2 : Les couvertures d 'assurance agricole ou les crédits agricoles ne sont pas encore suffisants pour couvrir convenablement environ 10 millions de population rurale active .

 Constat 3 : Le troc ou les services sociales intra - villageois n ' utilisent pas de l ' argent liquide et les transactions financières ne sont guère d ' usage . Le cas du Valin - tànana ( rendre le coup de main ? ) , entre autres , qui est cette obligation sociale  " en nature " et qui a pour finalité de  préserver une relation bon voisinage , comme le fait de prêter ses zébus au voisin  . Un dicton affirme : Ny vola vahiny , tonga androany , lasa rahampitso ( L ' argent n 'est qu 'un étranger de passage , il arrive aujourd’hui pour repartir demain ) . La volatilité et voire la futilité de l ' argent - papier ( Taratasy io vola io ) est mise en index avec une méfiante délicatesse . Mais un autre dicton réaliste précise aussi : " Ny vola tsy manpihavana "  l ' argent n ' est que source de querelle même dans une famille " .

En conclusion , nous avons affaire à un dense réseau de paysans - es exerçant des activités micro - économiques   "démonétisées " . Ce qui  nécessite une approche qualitative et un regard appuyé en " dedans " sur la socio - dynamique paysanne  et ses valeurs .

à suivre .

 Commentaires : La petite vallée fluviale d' Ambohimiarivo . Durant la saison du riz cet Octobre 2 012 dernier .



Bekoto










2 commentaires:

  1. Merci Bekoto pour cette histoire très instructive !

    Au plaisir,

    Vola

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  2. Association MARIES : Une manque " à gagner " , si le mot est approprié , est cette échange horizontale entre VOUS ( outre - Mer ) et NOUS ici , sur place . échange directe sur le BLOG précisément . J ' apprends aussi avec les gens , ici et ailleurs . Cordialement votre .

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