vendredi 29 mai 2009

FONCIER 4

Un diplomate installé à Antananarivo, notre Capitale Malgache s'était exprimé récemment à la presse à propos des évènements actuels : "Aucun diplomate sur place, et nulles chancelleries n'avaient ni prévu, ni pressenti....la soudaineté et l'intensité de cette crise"
Pourtant depuis 2005, des symptômes et des signes inquiétants de troubles profonds s'étaient déja manifestés en milieu rural, troubles dont les origines se focalisent précisement sur la question Foncière.
CHRONIQUE DES LITIGES FONCIERS
Année 2006 , Commune Rurale d'Ambohibary.
"Nous sommes pacifiques, nous les paysans d'Ambohibary Sambaina (olona milamina). Mais comment nous en sommes arrivés là ?...car le Chef de Région voulait procéder au remenbrement de nos rizières pour les déparceller et en faire un seul lot..comme ça, disait-il, le travail se fera aux tracteurs et fini les méthodes traditionnelles non productives (vita teo ny ady Gasy tsy mamokatra) me témoigna un paysan de la zone.
Les Faits : En vertu du productivisme prôné par la politique officielle de l'Etat qui veut faire de l'Agri-Bizness son cheval de bataille, les terres travaillées ou pas seront "réquisitionnées" et exploitées par les privés plus dynamiques et plus compétitifs. La commune d'Ambohibary reçut ainsi une lettre émanant du chef de Région, lettre qui exigea aux paysans de quitter illico leurs rizières car demain les ingénieurs et les tracteurs vont remenbrer les 3 000 Ha de rizières. Or, le lendemain, toute la population rurale du coin estimées à 1 000 paysans et paysannes bloqua la route menant au village et vers les rizières... Femmes et enfants s'assirent sur le chemin, les hommes armés de bêches lancèrent des pierres aux tracteurs. Ce fut une émeute très violente digne des Jacqueries anciennes de la France... Ils chantèrent en plus l'Hymne national. Le Chef de Région fit alors appel à la gendarmerie pour évacuer les protestataires, mais devant la détermination et la rage (romitra be izahay) des villageois, les services d'ordre se replièrent eux-mêmes en voyant la colère des paysans et les larmes de rage des villageoises.
La presse à l'époque narra vaguement cet évènement sans précédent... ou plutôt les dernières Jacqueries dataient de 1971 dans le Sud de Madagascar, rebellion des Bouviers nomades Antandroy qui protestèrent contre les impôts... il y eu à l'époque des morts d'hommes et une représaille d'une rare violence.
In Mémorium, que le grand leader bouvier nomade, "Dada" Monja Jaona repose en paix.
A Ambohibary donc, réside aussi un Historien, menbre de notre Comité des paysans et qui avait choisi le développement. Il élève ses vaches laitières tout en cultivant sa rizière... Sans intention publicitaire, cet historien fait aussi de l'Ethno- tourisme en racontant aux visiteurs les mythes et légendes paysannes comme celle de Ravorona (oiseau géant) nichant dans les hauteurs du Massif de l'Ankaratra, et qui, paraît-il avait pondu un oeuf dans lequel avait éclos une fille, la si belle Imaintsoanala... La fille du Ciel
Les observateurs de la "chose paysanne" manifestèrent à l'époque leur intérêt sur cette bouffée de violence paysanne dans une région où la population est pourtant réputée pour son pacifisme , par son esprit travailleur et par ses cèlèbres cultures de contre saison (carottes et petits pois d'Ambohibary)... Le remembrement des rizières, sans concertation aucune avec les paysans usagers, en était , à priori , la cause principale . Mais on concluera plus tard, avec ce rien de suffisance technocrate, "C'était juste un problème de communication monsieur... soignons bien notre message et ça ira." Ah ça ira, ça ira, ça ira dira la chanson célèbre Française ?
Conclusion : les autorités ont abandonné leur projet de culture intensive, mais les paysans, eux, resteront toujours à l'affut pour protéger leurs rizières .
Quand on refuse aux paysans le Droit de penser et d'imaginer eux même leur propre Développement (confiscation du droit de réflexion) et quand on s'amuse dangeureusement à réfléchir à la place des gens (entre nous je connais des intellos qui ne savent même pas planter le riz mais qui fanfaronnent à donner ordres aux travailleurs de la terre) alors, on verra ce qu'on verra... comme le cas de cette Commune très turbulente.... non, c'était prévisible cela Monsieur le Diplomate, il fallait , si le temps le permet , écouter parfois , le chant de l'épi du riz qui pousse..Et ne pas attendre les cris de colère de la Terre violentée par l'Agro-Bizness.
Bonne journée
Bekoto
Prochain chapitre : Le Cas des Paysans à la Place du 13 Mai , Février 2009

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire