mardi 23 juin 2009

RECHERCHES et DEVELOPPEMENT ( 1 )

Introduction
Madagascar reste le terrain de prédilection des Recherches pour maintes raisons : la spécificité de son environnement naturel , la particularité de sa population (ni Africaine, ni asiatique), son historique et ses cultures (langues , culte des ancêtres...)
Des découvertes scientifiques ont été, en effet, initiées sur le terrain . Mais la diffusion plus ou moins large des travaux de recherches , ou la difficulté d'accès aux conclusions et résultats (hermétisme du jargon scientifique) ou les impacts réels et visibles de ces études sur le développement du milieu rural sont toujours un grand jeu de questions ouvertes à analyser et à débattre.
"Eurêka .." diront , une fois , des chercheurs en élaborant tels ou tels systèmes agro-écologiques (1). Une dizaine d'année plus tard , l'application de ses découvertes, en dimension réelle , est encore un tout petit problème de réalisation effective... Une note d'évaluation sera traitée dans ce blog.C'est une note de diagnostic instructive pour aller, de bonne foi , de l'avant : Théorie /Praxis , Recherches /Action sur les " Applications des Systèmes de Cultures sur Couvertures Végétales " ou le fameux " Zéro Labour " ( produire sans labourer le sol ) . Cette " révolution agraire" qui nous est venue du Brésil .
Un autre cas pour notre réflexion. Le projet (abandonné? reporté ?) du Sommet Alimentaire Africain d 'Antananarivo . Précisément sur le SRI (système de riziculture intensive), une rencontre a été prévue pour ce Juin 2009 même dans la Capitale . Le sommet avait été initié par un ingénieur américain , un "senior development officier". Ce projet de sommet Africain sur le riz avait déjà eu, en principe , l'appui d'une Fondation privée de Los Angelès (LA). L' ingénieur américain en question avait observé, avec intérêt, la performance du SRI au Vietnam et en Chine. Les paysans asiatiques lui informèrent que : "C'est un nouveau système Malgache de culture de riz " . ( ady gasy io ).
le fameux AG ou ady Gasy ou l ' ingénieux système de débrouille Malgache , et dont l'important apport scientifique de l 'agronome Jésuite, P Delaulanié, rationalisa la méthodologie pour innover, par la suite , un ingénieux itinéraire technique dans la culture de cette céréale... dans le monde. La civilisation du riz concerne plus de 1 milliard de personnes.
L' ingénieur américain fut venu sur place et constata que le SRI n 'a du tout connu ni un" boom" , ni une large diffusion en brousse. Et ce, malgré les moyens et les stratégies élaborés par moults études et dans les bureaux des états majors du développement. Pourtant, le SRI a 15 ans ou plus.
D'où les questions et les hypothèses de travail :
1) Les recherches ont-elles pour Finalité la recherche pure ? Développement en "vase clos".
2 ) Le transfert de savoir et du savoir-faire vers la paysannerie doit-il être ré-évalué une bonne fois pour toute à Madagascar ? mise à plat ou nécessité ? Quid de l' opportunité des Assises Nationales de la Recherche Scientifique à Madagascar, selon un ami et collègue agronome français. Ici et maintenant.
3 ) Les moyens techniques, financiers et humains ont-ils manqués ou non pour que la transformation de monde rural n 'a pas abouti selon le planning et les projections ? " Tout cela a bien fonctionné ailleurs sauf à Madagascar , mais ... Pourquoi ?".
Ma pratique personnelle de proximité avec le terrain m'implique à chercher , en collectif , des réponses techniques valables et , au moins , harmonieuses avec le contexte dans lequel évolue la petite paysannerie ." Notre masse laborieuse"selon la Présidente du Comité Libertés pour les paysans, Brigitte Rabemanantsoa .
Obtenir les réponses vitales et les solutions pertinentes qui soient respectueuses de l'homme /paysan et de son environnement naturel .C 'est l'idéal .
Une tendance lourde interprète toujours ce manquement ( du développement ) à cause...à cause de la mentalité paysanne . Discours stationnaire , statique ... du déjà su et entendu depuis 1960 , année de l'indépendance Malgache , quand au lycée d 'Antsirabe , on m' enseignait qu'il faudrait "rapidement transformer l 'élevage contemplatif des Antandroy et des Mahafaly ..et que l'agriculture traditionnelle des pays sous - développés soit une agriculture plus compétitive, donc industrielle".
La question paysanne demeure cruciale, voire urgente, en ce tournant incertain de l'histoire du monde agricole où le tempo du faire vite mésestime , par contre , les simples facteurs tels que : le culturel, le temps biologique et la notion élémentaire du bonheur perçu par nos braves paysans... valeurs "immatériels" mais , ô combien précieuses , pour les travailleurs de la Terre. (mpiasa tany madinika).

Préparation des rizières : piétinement des mottes de terre par les zébus

Fianarantsoa ( Ph : laterit)

Le bonheur de la paysannerie ne peut pas se résumer en terme de PIB, selon le Professeur Ricardo Petrella de l'Université Catholique de Louvain, en Belgique. Nous sommes d'accord avec . Bien le bonjour de Madagascar cher Petrella (2).
Bonne journée

BEKOTO

1 ) Le Groupement Semi Direct de Madagascar (GSDM), important consortium de Chercheurs/ Opérateurs, possède une combinaisons de plus de 150 systèmes Agro - écologiques , systèmes qui, à la demande, pourront répondre aux attentes des acteurs du monde rural. D'après un document technique du GSDM .

2 ) Politologue et économiste italien .

PS : Suite : Résumé d'une Thèse sur le Développement rural du Sociologue Todisoa Andriamanpandry . Etude des cas : Zones de Marovoay (où pullulent les caïmans), Ambato Boëny et Mahajanga II . Université Antananarivo . Avril 2009

dimanche 21 juin 2009

La Présidente du Comité Libertés pour les Paysans

Lettre de témoignage de notre Présidente
A ma demande , elle m'a envoyé ses réflexions sur son " travail de Terrain " .
Merci Madame .
Nos paysans ( nes )
" Travailleurs infatigables…telle est l’image en tout cas que me donne ces paysans des Hautes Terres de Madagascar ...
Très matinaux par habitude , plusieurs sont déjà dans les champs à sept heures du matin , hommes ou femmes …Et c’est parti le travail de la terre…travail des rizières ou travail des champs. Dos courbé pendant des heures et le plus extraordinaire c’est que des mères portent leurs progénitures en même temps sur le dos et souvent même, donnent encore le sein quand bébé pleure .
le village est presque vide jusque vers seize . Tout le monde est au bureau, leur bureau c’est la terre…ils sont réguliers et assidus, ces fonctionnaires de la terre…des vrais fonctionnaires et non pas des fonctionnaires fantômes ( 1 ) ; ils tournent et retournent la terre , ils la labourent , ils l’arrosent…ils prennent soin d’elle pendant plusieurs heures par jour que c’est tellement normal qu’ils s’ attachent à elle , à cette terre les nourrit…Mais sont-ils bien nourris ? mangent-ils bien mangent - ils à leur faim , au vue de ces durs labeurs ? toutes ces heures qu’ils lui consacrent … ? toutes ces sueurs , imperturbables , sous le soleil tapant ou sous les rafales de pluies ? Force est de constater que non … hélas .
Travailleurs de la Terre
Ce travail de la terre pourtant continue de génération en génération, de père en fils mais la vie des paysans , elle , semble être figée ( ... ) toujours à l’ère des ancêtres . Grand –papa était pieds nus , illettré et le petit fils actuel aussi sait à peine lire et écrire…Mais comprenez-vous , si envoyer les enfants à l’école ne les intéresse pas trop car cet école se trouve , éloignée d ' une ou de deux heures de marche « à pieds nus » pour un petit enfant de 6 à 12 ans ?...
Et ils sont toujours aussi miséreux et misérables , dans une pauvre cabane en terre cuite et toit en chaume, à dormir à même le sol , à manger dans des assiettes émaillées et trouées , à boire dans un « zinga » à l’aspect douteux , ( 2 ) sans eau ni électricité qui sont , pour eux , des super luxes…(Ils sont autant matinaux que couche tôt parce qu’il faut économiser la bougie qui coûte cher…seule la lumière du soleil est gratuite …heureusement...alors ils dorment au coucher de l'astre du jour )
Quelques mètres carrés pour cette famille nombreuse… et oui , car souvent c’est une famille nombreuse où les enfants sont perçus comme des vraies richesses , et qu’ils ont du mal à comprendre qu’il leur faut beaucoup plus de moyens qu’ils n’ont pour les nourrir convenablement…pour les vêtir, pour les éduquer...pour leur assurer un sort meilleur que le leur.
Pour nos paysans , qui constituent 70% des malgaches , ce n’est pas vraiment une préoccupation primaire , ces enfants qui sont des dons du Dieu , à tel point que le cycle de vie se répète sans pitié en augmentant davantage la pauvreté à Madagascar .. ( Équation ressources/Besoins ) .
Mais est-ce vraiment leur faute ? quand il n’y a pas de cadre institutionnel ou juridique efficace qui régit leurs conditions ? qui protège leurs droits ?
Insécurité
La plupart laboure plusieurs heures par jour mais ne sont pas propriétaires terriens. Ils perçoivent juste le droit de l’usufruit (2/3 de la récolte.. ) , les uns ont quand même des terrains mais suffisants en surface pour subsister…les autres cultivent avec appréhension sur des terrains domaniaux ou communaux qui risquent à tout moment d’être « réquisitionnés » pour divers raisons….. motifs de dépossession qu'ils ne comprennent même pas ou des raisons contre lesquelles ils n'y peuvent rien ... situation qui dépasse souvent leur force et leur compétence…et ils subissent !
Mais il y en a carrément ceux qui squattent les terres des autres qui , eux , ne sont pas parfois sur place pour valoriser eux même leurs propres terres .
Sinon l’insécurité qui sévit en milieu rural , ces simples voleurs de récolte sur pied ou ces dahalo (3) . Effectivement des centaines de communes rurales n’ont même pas un poste avancé de gendarmerie
Ligne d ' action /réflexion
J’ai vécu quatre ans étroitement avec ces paysans pour avoir été maire d’une petite commune rurale à Antananarivo , et je comprends leurs problèmes et leurs attitudes .
Aussi , je pense qu’il faudrait renforcer leur niveau de connaissance afin qu’ils puissent mieux faire face à tous ces problèmes liés à la terre… et aussi aux problèmes dûs à leur condition de vie
Pour cela , il faudrait améliorer le système de développement du monde rural , identifier à la base ces problèmes, chercher les solutions en les incluant comme principaux acteurs .
Je suis convaincue que pour un résultat pérenne et efficace, leur appropriation (du développement ) est une condition primordiale . Il faudrait qu’ils aient «une voix ».
Dans le contexte actuel, notre comité des paysans que notre ami Bekoto a crée dans la région de Vakinankaratra trouve toute son importance dans ce sens qu’il va être un terrain d'écoute pour les paysans , une interface entre les paysans et l’Etat ainsi qu’interlocuteur de base à tous les niveaux .
Le mouvement fera sûrement tâche d ' huile tout en restant " au service " de la population rurale de Madagascar. Le temps , la patience , l'écoute sont nos meilleurs moyens .

1) A un certain moment à Madagascar , il y a eu des fonctionnaires fantômes qui sont inscrits en tant que tels mais qui sont absents de leur bureau .
2) récipient de fer - blanc
3) Dahalo : des grands voleurs de zébus surtout, ils tuent sans hésiter. Ils pillent également les récoltes des paysans …C’est la terreur des paysans.

BRIGITTE RASAMOELINA

PS : Le blog va élargir les réflexions en publiant témoignages et expériences sur la problématique Paysanne de Madagascar et , pourquoi pas , du monde entier ! . Brisons la solitude du Village . Madame Rasamoelina a une fonction de Docteur généraliste . Elle est connue pour ses engagements socio- humanitaires . Et pardon d'érafler votre modestie Chère Présidente .

Bekoto

vendredi 19 juin 2009

HISTOIRE ANIMALE 4 : criquets nomades( fin)

Prologue
L ' Entomophagie a des adeptes sur notre planète terre . La recette sur les insectes est servie par quelques 18 8OO sites dans le monde ! Mais revenons chez nous, à Madagascar .
En 1894 , la table de la résidence de France offrait à ses invités de marque du " landibe" à la sauce béchamel . le Landibe est la chrysalide du vers à soie sauvage provenant du tapia (euphobiaceae , uapaca bojeri baillon) , plante endémique en bordure Ouest des hauts plateaux Une Reine se délecta tellement de ces si succulentes larves de landibe ou soerina qu'elle en porta son nom : Mpanjaka vavy , la reine Rasoerina .
Si nos voisins des autres îles aiment parfois croquer " au gros sel " une sauterelle vivante et frétillante , les Malgaches , eux , préfèrent plutôt ébouillanter ou frire ou cuire sous la cendre ces précieux insectes consommables .
La chrysalide du papillon sphinx aussi était ( ou encore ? ) consommée . Hélas , le pauvre sphinx est victime de son apparence sinistre , car c'est un lugubre papillon nocturne à tête de mort que nous appelions lolo- paty ( papillon de la mort ) , noir insecte de mauvaise augure qui prédisait , dit - on , le décès d'un proche . Ma grand mère , à l'époque des années 50 , les chassait de la maison et lançait des poignées de riz en s' accompagnant d'une conjuration qui terrifia l'enfant de 5 ans que j ' avais été : " mandehana ré tompoko..iny ny varinao ..avelao re ireto ankizy ireto é...halaivo izay antitra .." ( sortez .. s'il vous plaît ..voici votre part de riz...n'emportez pas avec vous mes petits enfants ...je vous en supplie...prenez moi si vous voulez...mais ne touchez pas à mes petits partez ...ô esprit du mort..allez vous en ! " .
Le sphinx pénètre souvent dans les ruches à la recherche du miel . Et les grands mangeurs de sphinx en brousse m'affirment que ce papillon , dépouillé de ses ailes , de ses pattes épineuses et des antennes , est bien meilleur cuit sous la cendre . Il faut alors envelopper le papillon dans une feuille de bananier. Il aurait ainsi un goût acidulé aussi fin que le goût du tamarin ou du citron , avec un soupçon de parfum de banane ( akondro ) en sus .
Enfin , les larves des guêpes et des libellules en friture ou en salade sont trés recherchées par les gourmets des îles de l'océan Indien . Les chasseurs - forestiers Malgaches en reçoivent des commandes privées provenant de nos voisins et cousins créoles . Les fins gourmets les dénomment même: "caviar des arbres".
A la prochaine et bon week-end end .
Bekoto
PS : Une conférence scientifique s'était déroulée , un jour , en Février à Antsirabe ville : "Madagascar , avenir de l ' Agriculture de demain ". il s'agissait d ' une réflexion - bilan sur une intense et patiente travail de Recherches à propos d'une méthode agro - écologique initiée au Brésil et appliquée à Madagascar durant 10 ans . La qualité du conférencier est indiscutable . Le chercheur passionné et passionnant livra à un public averti les résultats de l'expérience et les questions fondamentales aussi ..car malgré tout , les impacts des recherches ne sont pas visibles ni dans le milieu rural , ni dans la hausse des chiffres de l'économie nationale agricole ...La suite du chapitre sera une note sur ces chercheurs de l'ombre , ces héros obscurs du Développement rural en zone hostile .

jeudi 18 juin 2009

HISTOIRE ANIMALE ( 3 ) : les Criquets nomades

Madagascar :Région du Sud Ouest . 14 Juin 2009
Valala é ..valala é ( alerte aux criquets )
Cris d'alerte lancés par la population rurale lors des invasions acridiennes dévastatrices . Ces immenses nuées de ravageurs des récoltes ont maintenant atteint la côte d'alerte à Madagascar . Les services de surveillance anti - acridienne signalent que de Juin 2008 à Octobre 2009 , 78 960 Ha sont infestés .Le scénario du pire sera le cauchemar de 1997 , quand les 4/5 du territoire furent envahis ( 1 ) . Les criquets nomades ( locusta migratoria capito ) pouvaient occuper une aire de 500 000 Ha pour tout détruire . En 2000 , la presse horrifiée par les nuages de criquets qui obsurcirent le soleil de la Capitale parla même de l'attaque " des dents du ciel ".
Les criquets occupent , par ailleurs , un rôle culturel primordial dans la mémoire et l'imaginaire des Malgaches . D ' où les proverbes et dictons suivant :
Ny valala tsy in - droa mandry am - bavahady
" En profiter des occasions rares " . Les criquets ne se posent jamais deux fois sur le devant du portail du village ( ramasse les ) . allusion au goût des Malgaches à manger et à apprécier les criquets (entomophage ou mangeur d'insectes )
Ny valala tsy misy fa ny mpilaza no betsaka
Il n'y avait point eu de criquets , mais ce sont les bonimenteurs qui ont exagéré . Le dicton a été contextualisé en fonction de l'époque actuel . Et peut aussi concerner la rumeur ou
les phantasmes véhiculés de bouche à oreille pour égarer les esprits . Nous disons maintenant manely tsaho ou intoxiquer l'opinion publique par une rumeur nocive . Le tsaho recèle parfois une arrière pensée politique manipulatrice ( viol des foules selon les Sociologues..les tordus disent même guerre psychologique ) .
Valala bemandry , valala tsy mandady arona
Essaim de criquets en sommeil ...au repos et ( qui ) ne s'avance pas pour entrer bêtement dans le panier et se faire " bouffer " . Image traditionnelle et ancienne représentant le peuple tranquille , qui refuse des pièges ...une allusion à la souveraineté des Fokonolona ? . Par un effet de lecture symétrique , le réveil des nuées de ces terribles insectes sous entend aussi une grande menace , un désastre et une destruction totale . Un peuple , en furie , le Fokonolona qui se lève , est trés inquiétant ...( voir 13 Mai des paysans d'Ambohibary sambaina ) .
Aza hatao valalan'amboa ka ny tompony aza tsy tia azy
Ne pas ( se ) traiter et être traiter comme " la sauterelle du chien" , une espèce de criquet , que son propre maître , le chien , méprise . C'est une façon de parler sur la tendance à l'auto- dénigrement et au penchant ridicule à se sous estimer , cette prédilection morbide à se mépriser soi même et ses propres valeurs . Grossièrement , c'est le complexe de l'introverti qui se complaît , " pathos " aidant , à se dévaluer soi même et sa propre société . Manque de fierté ?
Valala iray hifanampahana
Se partager le peu que l'on peut avoir sous la main , même une petite sauterelle . Éloge à la solidarité , à l'esprit de communauté et à l'altruisme .
La trêve des sauterelles
Dans les anciens temps , durant les affrontements et frictions entre les clans , une convention de trêve était tacitement observée quand , par exemple , les diguettes alimentant les rizières se rompaient ( vaky fefiloha ... hatsahatra kely aloha ny adiady ) ou si les sauterelles attaquaient les plantations . Alors les belligérants posaient tous ensemble leurs armes , réglaient les urgences , et colmataient les brèches ou chassaient les criquets avec des grands cris tout en agitant des feuillages .
Pour reprendre , juste après , après la bataille . L'art de la Guerre ?
Ravageurs de récolte
Les paysans connaissent bien l 'ennemi séculier de ses récoltes . Ces redoutables insectes sont capables de parcourir 1500 km à 5000 km . Composés de milliards d'individus , les destructeurs ailés , sous forme de nuages denses , provoquent après leur passage famine et désolation . La biologie de l'insecte fut tardivement connue ( 1930) . Son instinct grégaire et sa mobilité rendent difficiles toutes formes de lutte efficace . Cette année , disions nous dernièrement dans le chapitre Fararano , la récolte avait été surabondante sur les Hautes Terres .
L'alerte a été donnée sur une possible grande invasion acridienne dans 1 ou 2 mois si les facteurs favorisants sont complets ( pluviométrie , température...) ( 1) . Ces criquets remonteront alors vers le Nord , à Fianarantsoa , dans le Vakinankaratra , jusqu'en Imerina ... s 'ils n'auront plus rien à dévorer dans le Sud où son infestation a été répérée sur les aires grégarigènes . C 'est exactement le shéma de 1997 et 2000 qui se dessinne . ( 1 )
leur voracité les poussent jusqu'à grignoter le plastique ou les aiguilles de pins ! . l 'action contre les valala , criquets migrateurs , est une guerre , plus utile et plus sérieuse , car c'est celle de la défense de nos récoltes et de notre économie rurale .
La nature ne pardonne pas , il n'y a jamais d'amnistie avec elle . Nous sommes prévenu de ce cauchemard qui , un beau jour , nous tombera , du ciel .
valala é...valala é .. ( 2 )
Recette de sauterelles
Je me souvenais que , durant mon enfance , la ville d' Antsirabe avait été envahie par des raids de sauterelles ( 1959 ?) .
C'était l'effervescence et une panique indescriptible . Tous les habitants de la ville sortaient de chez eux en faisant le maximum de vacarme afin de chasser et de détourner ailleurs les dangereuses et bruissantes nuées .
Les familles récoltaient ensuite les insectes pour les sécher ou pour les enfumer . Nous en mangions au repas les insectes frits à la graisse de zébu relevée de gousses d'ail et de gingembre afin de masquer son goût si fort et âpre . Sinon , un arrière goût de noisettes persistait dans la bouche .
Mon petit frère , lui , était allergique , et ma mère lui servait toujours du lait de femelle de zébu . Le lait, le criquet et le passé si proche avaient un climat de bonheur modeste et ce tableau du diner aux valala conservait cette tendresse insouciante des gens simples . La joie était là malgré le fléau acridien dans la ville des eaux .
En brousse , les paysans ramassaient aussi les criquets lors de leurs terribles attaques pour nourrir les cochons et la volaille et les engraisser avec . 8 Kg de criquets équivaut à 23 479 calories .
Sinon , mon ami , le cordon bleu métis Malgache résidant à Montréal porte bien haut le flambeau de la gastronomie exotique , dans le magnifique pays des érables et de l'été indien . Il vous recommande sa recette aux sauterelles . ( Il est décoré du prestigieux prix de la Marmite d'or ? ? oh ! je ne souviens plus . Pardon de mon oubli , Thémis , l ' homme d'outre atlantique qui vaut de l'or en cuisine )


Le gastronome Jean Louis Themis de Majunga fait de l'élevage de grillons dans l'insectarium de Montréal et nous propose un menu étonnant ( blogger : recette des insectes )
Est-ce une nouvelle mode le manger d'insectes ? ou simplement un avenir pour l ' humanité en raison de la crise alimentaire mondiale rampante ? bon appétit .
Si les invasions acridiennes persistent chez nous en Afrique et à Madagascar , nous pourrions éventuellement vous en exporter si vous le désirez . Dévorons ensemble les dévoreurs de récolte .
Je te taquine cher Thémis cet originaire de Majunga et résidant au bord du Grand Nord au Canada .
Bonne Journée
Bekoto
1 ) FAO Madagascar, Acridologie .
2 ) Le principe de l'alerte précoce . Le coq 1995 . CIRAD/Madagascar. Acridologie .

mercredi 17 juin 2009

FONCIER 8 : Le point du jour .

Avertissement
Pour comprendre cette page , il faut lire les anciennes pages . Excusez moi d'avance .
Introduction
" Des potentialités en mal d'exploitants " ont été les termes officiellement utilisés pour désigner ces immenses surfaces non peuplées ou abandonnées ou sous - exploitées ..c'est selon le centre d'intérêt de l ' interlocuteur . "40 millions d'hectares représentent les terres encore cultivables à Madagascar " . Et alors ?

Le Point en 2009 :
La radicalisation de la réactions paysanne de base , contre la réforme Foncière 2005 , s'explique en partie par une mauvaise communication et par une concertation non élargie qui - aurait dû - normalement inclure les acteurs authentiques ancrés sur le terrain réel ( les vrais paysans ) , ces humbles usagers et ces occupants de fait qui sont toujours là , durant des générations ( valo votaka ) ,valorisant leur lopin de terres , mais redevenus par la suite des marginaux ou des spectateurs passifs envahis par l'avènement d ' un autre monde agricole , frénétique , qui s'imposera , de plus en plus, dans leur milieu et qui les intimident à mort ( very tanteraka izahay tantsaha madinika).
Comment , et c'est le point du jour , le paysan a alors maintenant compris lui même et vécu le changement de la politique agricole ? Comment il les avait aussi extériorisé et " recraché " ?
Par le biais de la peinture et dessins paysans , par exemple . Ils les ont dessiné leurs messages .
A travers leurs dessins maladroits , figurines imparfaites et symboles astraux , que chacun de nous pourra admirer et comprendre dans les tableaux naïfs qui ornementent leurs Charrettes et pousse - pousse là bas , dans la capitale du Vakinankaratra , à Antsirabe :
"Nous sommes de la Terre...Nous resterons sur cette terre ...nous dormirons , à la fin , dans cette Terre" " ( 1 ) ( tanindrazana io ...hivelomanay ary hilevenanay )

Perception paysanne : l ' ironie
J'avais , un jour , demandé au peintre sur pousse- pousse , le légendaire RADANY , icône de la peinture rurale brute ( 2 ) , comment le paysan voyait et imaginait les étrangers , ( Vazaha ) ou bien les gens de la ville . Il m 'avait , tout de suite , et automatiquement , croqué une miniature : " Petite piste charretière d'un hameau villageois ...ombrage brunâtre d'arbres aux fleurs mauves : les lilas de perse ( voan'delaka) ...Et au bord de la route d 'une couleur rouge latéritique ou rouge brique cuite , bien poussiéreuse , une grappe de paysans applaudissait une bande d 'étrangers accompagnés de mes compatriotes Malgaches , qui , eux , faisaient ensemble du Jogging ou un raid - moto ou une course 4/4 ...
Dans le fond du croquis , là bas , sur la ligne d'horizon , un zébu broutait paisiblement sur la pente collinaire tandis qu'une fillette , revenait de la source , et elle transportait un seau d'eau sur sa tête ( avy natsaka sy nitondra siny ny ankizy ) ...les ombres du petit dessin indiquait que c'est le matin , à 9 heure .... Pourquoi ce dessin ? Car une fois , un rallye était passé à travers un village , en trombe ...la mémoire collective en parlera pour longtemps de ce raid .. Ainsi sont représentées et la ville et " les autres" , selon ce dessin naïf . " l 'autre " ? c 'est la vitesse agressive , le sport de prestige , et la violence sous des apparences rutilantes .
Par contre voilà l'avis d 'un chauffeur de taxi - Brousse , oh ! un rude gaillard celui là , bien loin d 'être un fin esthète de la brousse comme Radany .
Sur la route Nationale 7 , à la vue des grimaces d'effort d'un célèbre Vazaha qui faisait son tour de monde en vélo , le chauffeur me questionna , sourcilleux :
" Pourquoi ce cycliste fait ça ...il doit bien souffrir lui non ? ...Ouuh ...mais de continuer à pédaler toute la journée .. quand on est trop riche , on aime bien se faire souffrir ? non " marmonna - t- il , comme s'il parlait à lui même . "C'est son Droit " lui répliquai-je .
Mais revenons à notre dessinateur - villageois , j'ai conservé le précieux tableau dans un Centre culturel .
Tout est délicatement exprimé , dans ce croquis aux contours si fragiles . Le dessin de RADANY rend bien , avec pudeur , la perception paysanne de " l'autre " , de la ville , de l 'étranger et du développeur - visiteur de passage qui apporte le progrès au village ...et jette un coup d'œil aux gens et à leurs us et coutumes .
Radany dessine ses idées car la langue Malgache ou étrangère ne peuvent pas tout dire . Son monde rural a changé vite et si vite ...seule la nostalgie est restée , une ironique colère aussi .

Bataille de la Vallée de Manapa
La conclusion sur la Commune rurale de Manapa sera la déclaration dans une grande magazine nationale et internationale, de l'autorité de l ' État elle même , une autorité locale qui avait reçu , avec accusé de réception , la lettre de révolte du Fokonolona :
" A 8O km de Betafo se situe Manapa , la vaste étendue prévue pour la mise en place d'une Zone d'investissement agricole ( ZIA) .Malheureusement , déplore l'adjoint du Chef de District de Betafo , cette partie de la région est enclavée ..." ( 3 )
C'est inopportun et gênant , en effet , de déclarer à la presse que le Fokonolona d 'Anosiarivo Manapa n'était pas d'accord sur le ZIA et avait même pris les sagaies , si vous permettez le mot .
Du coq à l'âne
Du local au global , si vous voulez bien .
" le cas de l'Afrique , y compris Madagascar , sera abordé au G8 en Juillet ..car les Nations Unies s'inquiètent de l'extension rapide des acquisitions agricoles , le land grabbing ( accaparement de terres ) dans des pays en Développement par des États riches et des fonds d'investissement ...15 à 20 millions d' hectares ont fait l'objet de transactions depuis trois ans , essentiellement en Afrique...." ( 4 )
Le Sociologue Paul Virilio parle judicieusement de " Bulle Foncière " ( 5 )
En faisant , petit à petit , une trame avec les fils de nos petites histoires paysannes , j 'avais pu relevé , par accident en plus , la curieuse concordance des dates entre la réforme Foncière Malgache en 2005 avec la grande préoccupation de l ' ONU sur la question mondiale de terres dans les pays pauvres ...Juste à l'instant même .
Une amie aussi m'envoya le même article du journal sur la question Foncière .
Je me demande ensuite si l'agenda du Développement rural semblerait déjà avoir été écrit à l'avance par toute et tous ?... sauf par les Paysans Africains et Malgaches eux même .
Communication ? le grand mot ! Expliquer , le plus simplement du monde , le scénario complexe des terres aux Charretiers - Paysans des régions rurales de notre grande île ? Lourde tâche .
Bonne journée
Bekoto
1) Google SVP sur " Pousse - pousse " et Radanielson , peinture sur Pousse pousse .
2) Si vous aimez la peinture , l ' imagerie populaire à Madagascar n'est pas aussi riche qu' en Afrique comme ses flamboyantes fresques murales de Dakar.
Mise à part les bandes dessinés ( Voir Blog ami de Pierre Maury ) , les pousse pousse et charrettes sont aussi surchargés de dessins et de croquis . Classé comme peintre de l'art brut ou art naïf , l'artiste- peintre réalise juste une commande , à la demande du client , comme ce que j ' avais fait plus haut .
3 ) in : " Revue de l'océan Indien . Janvier 2007 . N° 273 . P:34 . Merci de votre collaboration .
4 ) in : " Le Monde " Mardi 16 Juin 2OO9 . P : 4 . Interview d' Olivier De Schutter , rapporteur spécial des Nations Unies pour le Droit à l 'alimentation .
5 ) Paul Virilio , auteur du livre " le Futurisme de l'instant " Stop - Eject . Edition Galiléé , s'exprima ainsi , dans un interview radiophonique " La Bulle Foncière ...comme le cas de Madagascar "
Conclusion
Les fonds d'investissement évoqués par l 'ONU , après la Bulle financière , vont alors se déplacer chez nous aussi . Si je comprends bien . Vrai ou faux ? Monsieur Paul Virilio , vous êtes le bienvenue au village et merci de la bonne communication .

PS 1 Si le peintre paysan , le génial RADANY arrivera encore à en faire une beau tableau naïf de ce dramatique problème foncier où pourront être figurer à la fois et Vasiana et l 'ONU , alors le message passera . C'est un rêve ? Une utopie que son dessin arrive à l 'ONU ? Laissons le génie rural pur et brut travailler ..
Les poètes de la terre ont un pouvoir imaginatif et libérateur .
Bonne journée
Bekoto

jeudi 11 juin 2009

HISTOIRE ANIMALE (2)

SCORPION
Les scorpions de Madagascar ne sont pas venimeux , mais leur piqûre provoque une intense brûlure suivie d'un gonflement insoutenable et surtout d'une paralysie temporaire de la partie du corps piquée ; un orteil est piqué et c'est ta jambe qui redevient tellement lourde, pesante et douloureuse.
Les soins doivent être rapides malgré tout car les réactions de l'individu attaqué par l'animal ne sont pas semblables.
Les chasseurs de scorpions débusquent au grand jour ces animaux nocturnes qui cherchent refuge sous la fraîcheur des pierres dans les tanety (savanes) herbeux et semi-désertiques .
Le marché de vente du scorpion (maingoka) est toujours ouvert en toutes saisons . Les herboristes-guérisseurs en font un médicament pour soigner les plaies en faisant longuement macérer des scorpions dans de l'huile additionnée d'alcool pharmaceutique ; les sportifs s'en servent de cette huile pour décrisper les muscles ou pour prévenir une infection interne provoquée par un hématome dû à un coup trop dur. Les éleveurs de coq de combat gavent des scorpions vivants leur coq - guerrier pour les rendre plus belliqueux et plus compétitifs etc..
Un jour, dans les paysages infinis du Moyen Ouest Malgache , le petit cochon d'un éleveur avait été piqué au museau par un scorpion . Probablement la petite bête avait dû fouiner sous les pierres . L'animal couinait et émettait des cris plaintifs à te fendre le cœur et il frottait furieusement sa gueule brûlée par le venin dans la boue qui était juste devant la case. Je m'inquiétai sur le cochon et , un peu sur mon sort , bien sûr , car je devais dormir ici la nuit.
"Est ce qu'il n'y a pas de médicament quelconque contre sa douleur ?" demandais je au paysan.
"Non... mais il continuera pour un bout de temps à gueuler comme ça... après c'est fini si c'est un petit scorpion qui l'avait mordu... Mais une grosse femelle est mortelle pour un jeune animal comme lui , nous faisons très attention pour les enfants et les gardons toujours à l'œil... une grosse femelle n'est pas bonne... Tu sais qu'un scorpion femelle mange même son mâle... par jalousie ?"
En fait, comme les mantes religieuses, le scorpion femelle dévore souvent le mâle à la suite d'un accouplement.
Puis , une fois j'avais eu affaire avec les nomades Bara et leur demandai si les scorpions ne les gênaient pas (mahira avao va maigoka'toy ? ) , surtout pour leurs petits bébés qu'ils laissaient parfois seuls , sous l'ombre rachitique de rares arbres , lors de leur longue pérégrination pour trouver des verts pâturages et de l'eau pour leurs grands troupeaux de zébus.
"Non.. nous avons un médicament (fanafody) "
Comme le fanafody est aussi le mot pour désigner les procédés utilisés en sorcellerie et autres pratiques ésotériques comme les gris-gris, ma curiosité s'enflamma aussitôt.
"vous...heu ..vous savez parler avec les scorpions aussi ? avez vous fait un pacte avec eux ? disais je. Car il y a des peuplades qui font un pacte avec des animaux comme les caïmans sacrés du Nord , ou les serpents - esprits du Sud (Fagnano)
L'ami Bara ria aux éclats en m'exhibant une dentition éblouissante , carnassière :
"non... non... Nous faisons la chasse aux scorpions femelles , car elles transportent leurs petits
bébés sur le dos.. nous ramassons uniquement les bébés en état larvaire.. c'est blanchâtre et transparent d'aspect... après nous les écrasions pour en faire une purée que nous donnons à manger à petite dose aux enfants... Moi-même, j 'en croque à pleine poignée de ces larves . Puis , après , si un scorpion te pique, cela te fait un peu mal, mais tu n'en souffres pas énormément"
J'avais aussi donc , par peur des scorpions ? ou par curiosité ? , goûté et mangé de cette mixture qui a un arrière goût de crevettes et de feuilles pourries...avec un rien qui te râpe la gorge . J'en ai emporté même à la maison en marquant sur la bouteille Tambavy Bara (tisane des bouviers bara) .
les scorpions malgaches ne m'ont jamais embêté. Sentent-ils et savent-ils que je suis de leur côté?
Bon Jeudi

samedi 6 juin 2009

HISTOIRE ANIMALE (1)

Le tombeau de Bemasoandra
Cet animal de compagnie, dans certaines régions de Madagascar, est parfois victime de préjugés défavorables ; et ce, malgré la place éminemment historique du chien dans notre Histoire. Ramboasalama était le nom du Grand Roi Andrianampoinimerina avant sa sacralisation (Amboa : Chien et salama : en bonne santé, chien en bonne santé, était ainsi le nom de notre ancien Roi). Un fait, pourtant, m'avait à la fois beaucoup intrigué et même bouleversé dans le village de Bemasoandro ou le lieu du plein soleil.
C'était à Bemasoandro donc, dans la région limitrophe orientale de la Région du Vakinankaratra toujours, la commune rurale du même nom : Bemasoandro.. là-bas où la production de pommes et de lait sont telles que les pistes sont baptisées les pistes du lait et des pommes (làlan- dronono sy paoma)... allusion à ces nonchalantes caravanes de charrettes qui transportent ces produits des récoltes vers la ville. l'objet de ma curiosité était une tombe sur laquelle était érigée la statue d'un chien !
le bon et brave paysan Malgache du coin évitait à tout prix de passer devant cette tombe perdue bien enfouie dans les herbes folles et les enchevêtrements des racines d'eucalyptus. Des personnes me racontaient même, à voix basse, que le seul et unique mort couché dedans cette tombe était un sorcier fou (mpamosavy adaladala) car pourquoi, en effet, s'enterrer ainsi avec un chien. la solidarité proverbiale des Malgaches conseillait qu'il faut vivre toujours ensemble, vivre dans la même case et mourir dans la même tombe (velona iray trano, maty iray fasana). L'accent méprisant du paysan, masque mal l'épouvante qui faisait vibroter sa voix... Qui était cet étrange personnage qui rejeta sa propre société traditionnelle et ses coutumes pour choisir de dormir pour l'éternité avec un animal tabou (fady) ? Un vieux paysan me raconta que l'Homme au chien était un chercheur d'or et de pierres précieuses. Il vivait seul à l'orée de la gigantesque falaise qui délimitait les Hautes terres des grandes forêts primaires de l'est (alan'Antsinanana )... qu'un monstre les aurait, un nuit, attaqué.. que le chien y avait laissé sa vie pour défendre son maître qui fut, après coup, devenu fou de douleur, et l'homme aurait pleuré pendant une semaine son brave chien et aurait donné tout... oui... tout son or à un village pour qu'on l'enterra, lui même après sa mort, à côté son chien fidèle pour qui il commanda, en son hommage, cette étrange et grossière statue.
Le chercheur d'or repartit de nouveau dans les forêts, les villageois construisirent la tombe en y élevant donc la statue du chien. A son retour, le chercheur d'or, revint cette fois çi les mains vides. Il construisit une case à lui tout seul loin de la société des paysans et vécut en marginal comme un lépreux (nitoka - monina toy ny boka).
Quand il mourut, les paysans, respectueux de la parole donnée, l'enterrèrent avec son fidèle compagnon de la vie et de la mort.
Les deux esprits des inséparables compagnons doivent peut être encore chercher de l'or, jusqu'à la fin des temps, et, insouciants complices devant l'éternel, gambader à jamais dans les profondes et mystérieuses forêts orientales qui font face aux grands vents et aux embruns salés de l'océan Indien.
Une tendre et triste pensée, à l' orpailleur inconnu enseveli avec son chien à Bemasoandro.
Bon week-end
Bekoto

jeudi 4 juin 2009

FONCIER 7 : 13 Mai des paysans

La commune rurale de Manapa, dont une monographie succincte fut déjà réalisée dans ce blog, est notre propos du jour.
ANNEE 2007
Monsieur Rabary Paul , Maire de la Commune rurale d'Anosiarivo Manapa me téléphona un jour pour que nous puissions avoir une rencontre d'urgence en raison d'une inquiétante visite d'étrangers dans sa commune (olona hafahafa tonga tany an'tànana). Notre rendez vous classique se passait toujours dans l'arrière boutique d'une bicoque en bois qui est à la fois un bar et une épicerie. Et, parfois, nos conciliabules se faisaient à haute voix, car il fallait crier et hurler pour se faire entendre par dessus les marchandages des paysans sur un veau et à travers les disputes d'un tel contre un autre à propos d'une mauvaise affaire de sac d'oignons pourris que l'autre lui aurait vendu le samedi dernier... le bar se dénomme " Myosotis " , mais sans le parfum de la fleur bien sûr.
Chaque Samedi, plus de 100 000 paysans montent en ville et à pied et en charretes ou en taxi Brousse pour le ravitaillement de leur village et pour la vente de leurs produits . Faire le grand marché d 'Asabotsy .
Je redoutais bien cette rencontre car j 'appréhendais ( encore ) par avance une nouvelle attaque des Malaso, ces mauvais , contre les charretiers de Manapa . Les Malaso commencèrent en effet à s'en prendre désormais aux Charretes pour leurs voler les sacs de riz et les zébus à la fois ; comme ce fut le cas précédent qui s'était déroulé dans la commune d'Ampefy, cette région des lacs sacrés située à l'ouest des Massifs de l'Ankaratra .
" Voilà les nouvelles" , commença Monsieur le Maire à si haute voix (et bien... bonjour le secret) que tous les clients et buveurs du bar-bicoque se retournèrent vers nous deux , curieux et intéressés .
" Des gens de la ville étaient venus en voiture 4/4 au village et , comme tu le sais , les grandes personnes sont encore aux champs et que seuls les enfants gardent le troupeau de zébus et les cochons dans la vallée d ' Anosiarivo... Les petits enfants, apeurés par la voiture , s'étaient dissimulés dans les hautes herbes , le plus grand , lui , avait couru à perdre haleine jusqu ' au village (niakatra tany an'tànana ny lehibe) pour alerter la commune... l 'adjoint est redescendu tout de suite avec le petit (kilonga lahy) pour accueillir les gens du 4/4..... Mais ceux-ci déballèrent déjà des appareils de mesure et firent, avec des instruments bizarres la mesure de la vallée... L'adjoint , forcement intimidé par cette invasion de la ville demanda quand même :
" Bonjour messieurs... Qu'est ce que vous faîtes là s'il vous plaît ? "
Un des Monsieur du 4/4 lui répondit : "Nous sommes ici pour vous apporter le Développement... nous sommes des ingénieurs et ce sont les autorités qui nous envoient par ici "
" Mais ..." reprit l'adjoint , ne devriez vous pas d 'abord vous présenter devant notre Maire et lui expliquer votre Développement là ? Car la commune aussi possède déjà son plan de Développement vous savez ."
Excédé, le gars de la ville lui répliqua : " De toutes les façons , l'État va s'occuper désormais de cette vallée . Adressez vous , si vous voulez , au Chef de Région ou au Président de la République lui même mais laissez nous travailler " Et d'ignorer les bougres d' interlocuteurs
" Et alors ? " demandais-je, de plus en plus intéressé mais un peu agacé par l'histoire à cause du ton de la personne du 4/4 .
"Alors l 'adjoint m'a téléphoné ..." reprit de plus belle Le Maire... et j'avais su d 'après un contact en ville que l'État Malgache va réquisitionner notre Vallée pour en faire une usine ou je ne sais quoi..." soupira le Maire pour conclure .
J'ai su , moi même aussi , de mon côté que c'était toujours cette histoire d'Agro-business... faire dans la vallée de Manapa une monoculture de Jathropha (ce bio carburant) ? ou une usine d'engrais car le sous sol de la commune recèle des potasses ? Dieu seul le sait .
La bataille de la Vallée commença bel et bien dans ces conditions que je vous avais exposées . Le redoutable processus d'auto-défense Villageoise se déclencha . Implacable . Le Fokonolona se réunit en conseil de " guerre " Le DINA de Manapa a été décrété ... une lettre d'interpellation fut envoyée à toutes les autorités , y compris au Président de La République lui même , lettre de sommation sans appel . Un chef d'œuvre du parler vrai et franc entre nous .
" Nous Fokonolona de Manapa refuserons tout forme de Développement dicté d'en haut et sans concertation aucune avec le peuple qui est ici depuis 40 ans... Nous ne quitterons jamais notre vallée... Même si morts d'hommes il y aura.. .et quitte à verser le sang au besoin ... Ceci est un avertissement . Respectez nous s'il vous plaît (1)" (Mba mifanaja ré Tompoko ô)
C'était ainsi une des mille mauvaise façon des représentants du pouvoir à l'époque pour rentabiliser , paraît il , les Dollars des Bailleurs ...
La suite ? les messieurs de la ville se rétractèrent très très vite (mifitsaka ry lay Retsy) ....mais tel un chat sauvage prêt à rebondir de nouveau sur nos petits poussins (toy ny kary mijoko zanak'akoho kelinay) ..La vigilance s'impose .
Par ailleurs , et jusqu'à ce jour, c'est encore un Statu quo obstruant totalement la vision d'avenir de cette vallée de 1 000 ha d'Anosiarivo Manapa .
Maintenant , par la force des choses et au vu du charivari de l'histoire immédiate de Madagascar, le Millénium Challenge Corporation , un des fonds principal utilisé pour la réforme Foncière , a arrêté son programme en ses termes :
" Parmi les résultats spécifiques des programmes de MCA - Madagascar, on peut citer
a) la restauration de 149 000 documents de titres fonciers en état de dégradation .
b) la construction de 29 bureaux pour délivrer des titres fonciers .
c) la mise en place d'un réseau de plus de 350 dirigeants agriculteurs .

L'esprit de la lettre sur la reforme Foncière , étant entre autres , "de Passer de l'agriculture de subsistance vers l' agriculture de Marché " .

d) l'assistance à quelques 34 450 agriculteurs etc...

La MCC regrette cet arrêt du programme.
Tant mieux , leur répondront sûrement mes chers paysans partenaires de Manapa , s' ils sauront , un beau jour répondre en langues étrangères .
Bonne journée
Bekoto
1) Les archives communales de Manapa détiennent des documents de valeur comme cette la lettre d'interpellation sur cette bataille de la vallée . Avis aux chercheurs sur le Droit Foncier.
PS : J'ai reçu une lettre aujourd'hui , par mail , d'une Malgache. Merci pour votre intérêt et votre émotion aussi... Mais ça va bien Madame. En ce moment à Madagascar, c'est la fête de la récolte et les fêtes traditionnelles comme le Famadinhan' drazana qui occupent nos paysans ..

mercredi 3 juin 2009

PAUSE CAFE ET HISTOIRE ANIMALE

CAFE
Le WWF et les chercheurs Malgaches se penchent actuellement sur plusieurs variétés de café sauvages et endémiques découvertes dans nos forêts primaires , ces curieuses variétés se caractérisent par la nature " décaféinée " des cerises de café , café naturellement décaféiné ? quelle aubaine diront les agro-alimentaires et les diététiciens.
Les Recherches se concentrent maintenant sur le gustatif à cause du goût âcre de ces cafés. Pour des raisons que j'ignore, la suite de ces Recherches continue ailleurs, au Japon (ce sont des buveurs de thé, non ?) sur l'hybridation et les croisements de plants afin d'éliminer son goût" sauvage". Les habitants des forêts primaires connaissent depuis longtemps ces caféiers sous le nom de Kafé an' dolo (café des fantômes)
Je vous annonce déjà pour la suite de notre Blog le rôle et l'efficacité de la Recherche dans le développement rural car, en effet, il y eu Recherches et Recherches (1) à Madagascar mais les résultats ou l'impact réel quant à notre développement rural semblent plus ou moins visibles, pour ne pas dire insuffisants. Sans polémique aucune, et sans chercher à discréditer ces chercheurs qui sont aussi à leur façon des modestes héros et acteurs de l'ombre à même titre que le Fokonolona.
Histoire animale
Toujours dans la commune rurale de Vasiana (traduction étoile). Dix ans de cela, j'avais déjà parcouru ces plateaux infinis, en moto cross, pour le travail de prospection monographique ou simplement pour faire une animation de développement. Un soir, notre équipe avait été obligé de trouver un gîte pour dormir. On était égaré car la nuit dans les tropiques tomba brusquement sur nous comme un bandit, sans crier gare. Nous fûmes chaleureusement accueillis par les paysans migrants de Vasiana qui nous hébergèrent dans le bureau de leur Fokontany (l'administration locale ). Case en pisé , toit de chaume et ce rien d' angoisse dans l'air de la nuit noire d'encre. Vers minuit peut-être, nous entendîmes tous un long hurlement d'animal , plutôt un bramement puissant et plaintif qui nous glaça le sang car, jamais, nous n'avions entendu un hurlement pareil dans notre vie d'homme de brousse...
Le lendemain, le chef Fokontany nous demanda, sourcilleux : "Vous avez aussi entendu ? hein Soingomby ça (biby soigomby avao zay) .
Je ne croirais jamais pour une seconde à ces balivernes ou fantasmes car les Soigomby étaient des animaux fabuleux des contes et légendes destinés à terroriser les enfants Malgaches trop turbulents. Nous repartîmes après un succulent café, mal à l'aise et silencieux, plongés dans une abîme de perplexité et d'angoisse. En ville, nos collègues se moquèrent méchamment de nous , et hoquetèrent de rire :"vous aviez dû trop boire le taoka Gasy du village non ? (alcool artisanal de canne à sucre).
Mais les chercheurs du Musée d'art et d'archéologie de la Capitale, eux, avaient bel et bien confirmé que "des animaux inconnus sont signalés à Belo- sur-mer". Et qu'il s'agirait probablement, d'après le témoignage des bouviers nomades et des paysans migrants, des kilopotsipotsy (hippotamus madagascariensis) ou le soingomby (2)
Bon mercredi
Bekoto
1) les SRI ou système de riziculture intensif semble révolutionner le mode du culture de riz. Le SRI est déjà appliqué au Japon et en Chine. C'était une découverte ou plus exactement une innovation culturale Malgache initié par le Jésuite ingénieur agronome, P Delaulanié. bel et louable exemple de recherches appliquées. Les fameux systèmes de culture sur couverture végétale , nom de code SCV, est un exemple intéressante à commenter plus tard .

2 in :Mensuel DMD n° 682 . 01/06/2OOO. (Dans les Médias Demain ou DMD)

mardi 2 juin 2009

FONCIER 6 : 13 Mai des Paysans

Commune Rurale de Vasiana
Vasiana (Étoile) est une immense zone destinée au départ à être une Zone d'aménagement Foncier ( ZAF). C'est à dire un lieu, d'après notre ancienne politique Agricole d'avant les années 2000, destiné à être repeuplé par la migration Paysanne. Et s'y côtoyent, plus ou moins pacifiquement, et les paysans sédentaires et les Bouviers nomades dont des grands chefs de clan Bara ou Antandroy possèdent des milliers de zébus.
A Vasiana, un grand chef détient à lui tout seul 7000 têtes de bêtes. Nous irons là-bas, un jour, si vous voulez bien.
La question était de comprendre pourquoi des paysans et paysannes de là bas avaient fait aussi et enfin, leur 13 Mai ? Et bien sûr, à la grande consternation des grévistes de la ville et des observateurs politiques. Qu'est ce qu'on leur avait fait subir à nos paysans d'habitude si silencieux et tellement fatalistes ? (izany ro anjara raolona, c'est notre destin brave gens) ? Pourquoi le ciel et le terre devinrent subitement tumultueux (nikorontana tampoka ré ny tanin'aman'danitra) ?
Il est à Beakanga (là où pullulent des pintades), une grande vallée fluviale de quelques milliers d'hectares. Cette vallée ou lohasaha était la zone de pâturages traditionnels de bouviers. Les migrants eux même (mpifindra monina), avant leur implantation dans le site, doivent faire des négociations avec les premiers occupants Bara ou Antandroy (manao fomba fomba). La co-existence entre les migrants sédentaires et Nomades n'était pas toujours facile quand, par exemple, les milliers de zébus déferlent dans les vallées et broutent tout en saccageant les cultures de manioc et maïs des paysans (manao tondrak'omby ny Bara lahy).
Les litiges et les frictions sont légion, bref, c'est la politique de la ZAF en violente contradiction avec celle de la ZIA. Et des cas de conflits sont devenus par la suite des cas de jurisprudence. Dans les jugements et verdicts apportés, ce sont toujours les nomades et leurs bêtes qui étaient criminalisés pour cause de "divagation de zébus et destructions de cultures".
Notre Comité des Paysans suit de près ces chocs de cultures et de coutumes... vieux conflit de l'Humanité, le sédentarisme et le nomadisme... la conquête belliqueuse de l'espace de vie entre le bouvier contre le cultivateur.
Puis, avec la nouvelle politique agricole de 2005 (date-clé du grand chambardement actuel), la vallée suscitée avait été privatisée, plus exactement, elle était devenue l'objet d'un Projet d'exploitation par des privés et des opérateurs agricoles occupèrent les espaces pour faire de l'agro bizness (cultures intensives de riz etc..)... Un développement rapide selon le jargon en fonction.
Les paysans m'avaient déja signalé à l'époque la présence d'indiens (c'était en fait des turcs qui revendaient des tracteurs de marque Renault aux opérateurs Malgaches).
Le nœud de cette grande et délicate affaire était que cette vallée des pintades était auparavant destinée aux Migrants sans terre et aux pâturages des zébus ( Projet de Zone d'aménagement Foncière ou ZAF). Mais le projet de Zone Industrielle Agricole ou ZIA a été parachuté de la ville et expulsa ainsi toutes les populations sus citées en mettant fin, sans préavis, à leur implantation et à leur projet d'avenir.
Bref, c'était la ZAF en contradiction flagrante avec la ZIA... Gueguerre de sigles qui masque, d'une façon absurde et maladroite une politique agricole exclusive, agressive, et improductive en plus.
la ZIA a été ainsi (est ?) perçue par nos petits paysans et nos simples bouviers comme une véritable menace contre leur mode de vie. une mise à mort de leur si fragile civilisation.
Les opérateurs agricoles déjà eurent, au premier abord, de ces comportements équivoques en voyant les rustiques villages et les bouviers sérieusement affolés par ce branle bas technique (autorités en tenue safari, 4/4 rutilants, camions chargés d'engrais et de carburants, tracteurs turcs transportés sur des plateaux de camion etc...).
Pour le programme du ZIA par exemple, une production de 5 Tonnes de riz/ha avait été prévue sur leur papier/Projet. Mais il n'y eu que 4oo Kg /Ha malgré leurs gros moyens mis en jeu... les potins villageois racontaient que nos opérateurs emmenaient même avec eux leur eau en bouteille ( na ny rano sotrony anie dia ireny rano anaty tavohangy ireny é ! )
La raison ce cette incompétence technique et de cette sous-production devenue l'objet de risée des villageois ? ben.. ce ne sont pas de véritables paysans mais de simples opérateurs agricoles. C'est tout. Les paysans sur place, hilares, commencèrent alors, avec les bouviers, à rire sous cape des maladresses de ces drôles citadins tout en se moquant de la ridicule débauche de gros moyens de productions . " Ils ne savaient même pas que la saison des semis était finie.... c'est incroyable ! " ( loza izany marina )
Enfin, les évènements de Janvier 2009 avaient été l'occasion inespérée, historique même pour eux, de monter dans la Capitale, et d'exiger publiquement, durant les grèves que " l'Etat Malgache leur restitue et redonne aux migrants et aux bouviers la vallée de Beakanga, cette vallée des Pintades destinée au départ pour le pâturage des zébus et pour la culture de leur riz, de leur manioc et de leur voanjo bory ou pois de bambara ...
Havereno aminay ré Tompoko ny lohasahanay azafady, s'il vous plaît, rendez nous, Messieurs au pouvoir, notre vallée des pintades."
C'est la raison de présence des paysans à la grève sur la place du 13 Mai .
Ils étaient une dizaine là-bas sur la place des révoltés... mais ils réprésenteront dorénavant , devant l'Histoire convulsive de l'instant et pour le futur trés proche , la voix de plus de 8 000 000 petits paysans, cultivateurs , bouviers, pêcheurs etc... que les politiques semblent ignorer.
La terre a enfin crié sa révolte. Enfin .
Bonne journée
Prochain chapitre : La contestation des paysans de Manapa.

lundi 1 juin 2009

COMMENTAIRES SUR VOS COMMENTAIRES

GrasPardon, Azafady
J'ai reçu trois commentaires sur le Foncier :
1) De celui qui entame une Recherche sur le Droit Foncier et qui désire voir les limites du Droit d'usage par rapport au Droit positif .
2) Valérie fait aussi des digressions intéressantes autours des intérêts sur le Foncier, allusion peut être au "syndrome Daewoo" dont Madagascar avait eu le triste honneur d'être son partenaire (pas) coopératif mal ou bien heureusement.
3) Et celui enfin qui désire faire des actions avec la Commune de MANAPA. Merci d'avance.
D'abord, je m'excuse car, à cause de ma mauvaise manipulation j'ai complètement effacé vos commentaires que j'avais pourtant décidé de publier... Re-commentez svp, pour re-publication ultérieure. Merci d'avance.
La suite à donner sera le descriptif des ces Villageois (ses) qui avaient fait 13 Mai et que les médias avaient plus ou moins couvert en ce moment.
Prochain Chapitre : Vasiana
Introduction :
Aimez vous regarder parfois les étoiles ? Car Vasiana en dialecte Bara ou Antandroy, dans cette si belle langue de nos célèbres Bouviers nomades, se traduit pas étoile ou Kintana en Imerina,
VASIANA est une commune rurale à l'extrême limite occidentale de la Région du Vakinankaratra.... regardons le ciel car je ne vais pas encore entamer un discours technique.
Les bouviers nomades parcourent depuis les siècles l 'immensité de la façade Mozambicaine dénommée aussi le moyen Ouest... et ils ont leur propre façon de nommer les étoiles.
Une portion du ciel Malgache, face à l'ouest, avait été ainsi décrite par un Antandroy
SIRUS : Vasian - Dahalo ou étoile des brigands
CANOPUS : Vasian 'ampelatovo ou étoile des femmes célibataires
ALDEBARAN : Vasia maty reny ou étoiles orphelin de mère
PLEIADES : ? ? ?

FONCIER 5 : 13 MAI des Paysans

Si vous voyez, un jour, à Antananarivo, la place du 13 Mai, vous serez aussi fascinés par les paradoxes de cet endroit hautement historique, ce haut lieu de la contestation Nationale. Par quel effet d'imagination et de symbolique, ce petit espace de plus d' une centaines d'ares irradie et exhale tant de mystères et de violence Historique aussi intense à l'instar du prestige des Champs Elysée ou de la solennelle ville de Stanlingrad ?
J'y avais aperçu récemment les vendeurs de "poule de combat", et parfois des soi-disant paysans-magiciens y font leur bizarre numéro d'avaleur de serpents, des danseurs et des contorsionnistes y accomplissent aussi des prouesses inimaginables sur ces bitumes qui ont dû conserver tant d'espoir, de souffrances, et de brutalité.
Les grandes déchirures des pages de notre politique, les formidables ruptures de société, cette place du 13 Mai aux jardins mal entretenus en est l'épicentre.
L'évènement des évènements sera, à mon avis, ce jour de Février 2009, quand mes amis m'avaient informé qu'au summun des revendications et des véhementes protestations, un groupe de paysans (nes) prirent le micro pour clamer aussi leur révolte, à l'égal des syndicalistes, des politiques, des étudiants et des fonctionnaires.
Ces paysans venaient de VASIANA, de BEAKANGA, de MORARANO etc... ils avaient manifesté leur colère contre "ces privés" (ireny oron'asa ireny) qui avaient accaparé leurs terres (nanendaka ny tanim bolinay). Qui sont ces paysans ? qu'est ce qu'on leur avait fait ? et surtout, qui m'avait affirmé un jour : "Quand la paysannerie malgache fera la grève, alors c'est la colère de la Terre et du ciel qui réclament la Justice" ? (raha ny tantsaha no mitokona dia izay vao hoe tezitra ny tanin' aman danitra); Le Grand poète engagé RADO ? ou un de mes amis de la Table Ronde aux Voûtes ? Bonjour les amis des Voûtes à Paris.
Joyeuse pentecôte
Bekoto
PS : Vous m'aviez aussi manifesté, dans les commentaires, vos intérêts à ces histoires paysannes de Madagascar... Merci à ceux qui désirent s'abonner. c'est gratuit me dit-on.
en réponse aux gentils mots pour une prise de contact personnalisé et professionnelle, mon mail ? veillez contacter SVP laterit@laterit.fr surtout à celui ou celle qui veut en savoir plus de détails sur MANAPA... bien reçu le message.