Commune Rurale de Vasiana
Vasiana (Étoile) est une immense zone destinée au départ à être une Zone d'aménagement Foncier ( ZAF). C'est à dire un lieu, d'après notre ancienne politique Agricole d'avant les années 2000, destiné à être repeuplé par la migration Paysanne. Et s'y côtoyent, plus ou moins pacifiquement, et les paysans sédentaires et les Bouviers nomades dont des grands chefs de clan Bara ou Antandroy possèdent des milliers de zébus.
A Vasiana, un grand chef détient à lui tout seul 7000 têtes de bêtes. Nous irons là-bas, un jour, si vous voulez bien.
La question était de comprendre pourquoi des paysans et paysannes de là bas avaient fait aussi et enfin, leur 13 Mai ? Et bien sûr, à la grande consternation des grévistes de la ville et des observateurs politiques. Qu'est ce qu'on leur avait fait subir à nos paysans d'habitude si silencieux et tellement fatalistes ? (izany ro anjara raolona, c'est notre destin brave gens) ? Pourquoi le ciel et le terre devinrent subitement tumultueux (nikorontana tampoka ré ny tanin'aman'danitra) ?
Il est à Beakanga (là où pullulent des pintades), une grande vallée fluviale de quelques milliers d'hectares. Cette vallée ou lohasaha était la zone de pâturages traditionnels de bouviers. Les migrants eux même (mpifindra monina), avant leur implantation dans le site, doivent faire des négociations avec les premiers occupants Bara ou Antandroy (manao fomba fomba). La co-existence entre les migrants sédentaires et Nomades n'était pas toujours facile quand, par exemple, les milliers de zébus déferlent dans les vallées et broutent tout en saccageant les cultures de manioc et maïs des paysans (manao tondrak'omby ny Bara lahy).
Les litiges et les frictions sont légion, bref, c'est la politique de la ZAF en violente contradiction avec celle de la ZIA. Et des cas de conflits sont devenus par la suite des cas de jurisprudence. Dans les jugements et verdicts apportés, ce sont toujours les nomades et leurs bêtes qui étaient criminalisés pour cause de "divagation de zébus et destructions de cultures".
Notre Comité des Paysans suit de près ces chocs de cultures et de coutumes... vieux conflit de l'Humanité, le sédentarisme et le nomadisme... la conquête belliqueuse de l'espace de vie entre le bouvier contre le cultivateur.
Puis, avec la nouvelle politique agricole de 2005 (date-clé du grand chambardement actuel), la vallée suscitée avait été privatisée, plus exactement, elle était devenue l'objet d'un Projet d'exploitation par des privés et des opérateurs agricoles occupèrent les espaces pour faire de l'agro bizness (cultures intensives de riz etc..)... Un développement rapide selon le jargon en fonction.
Les paysans m'avaient déja signalé à l'époque la présence d'indiens (c'était en fait des turcs qui revendaient des tracteurs de marque Renault aux opérateurs Malgaches).
Le nœud de cette grande et délicate affaire était que cette vallée des pintades était auparavant destinée aux Migrants sans terre et aux pâturages des zébus ( Projet de Zone d'aménagement Foncière ou ZAF). Mais le projet de Zone Industrielle Agricole ou ZIA a été parachuté de la ville et expulsa ainsi toutes les populations sus citées en mettant fin, sans préavis, à leur implantation et à leur projet d'avenir.
Bref, c'était la ZAF en contradiction flagrante avec la ZIA... Gueguerre de sigles qui masque, d'une façon absurde et maladroite une politique agricole exclusive, agressive, et improductive en plus.
la ZIA a été ainsi (est ?) perçue par nos petits paysans et nos simples bouviers comme une véritable menace contre leur mode de vie. une mise à mort de leur si fragile civilisation.
Les opérateurs agricoles déjà eurent, au premier abord, de ces comportements équivoques en voyant les rustiques villages et les bouviers sérieusement affolés par ce branle bas technique (autorités en tenue safari, 4/4 rutilants, camions chargés d'engrais et de carburants, tracteurs turcs transportés sur des plateaux de camion etc...).
Pour le programme du ZIA par exemple, une production de 5 Tonnes de riz/ha avait été prévue sur leur papier/Projet. Mais il n'y eu que 4oo Kg /Ha malgré leurs gros moyens mis en jeu... les potins villageois racontaient que nos opérateurs emmenaient même avec eux leur eau en bouteille ( na ny rano sotrony anie dia ireny rano anaty tavohangy ireny é ! )
La raison ce cette incompétence technique et de cette sous-production devenue l'objet de risée des villageois ? ben.. ce ne sont pas de véritables paysans mais de simples opérateurs agricoles. C'est tout. Les paysans sur place, hilares, commencèrent alors, avec les bouviers, à rire sous cape des maladresses de ces drôles citadins tout en se moquant de la ridicule débauche de gros moyens de productions . " Ils ne savaient même pas que la saison des semis était finie.... c'est incroyable ! " ( loza izany marina )
Enfin, les évènements de Janvier 2009 avaient été l'occasion inespérée, historique même pour eux, de monter dans la Capitale, et d'exiger publiquement, durant les grèves que " l'Etat Malgache leur restitue et redonne aux migrants et aux bouviers la vallée de Beakanga, cette vallée des Pintades destinée au départ pour le pâturage des zébus et pour la culture de leur riz, de leur manioc et de leur voanjo bory ou pois de bambara ...
Havereno aminay ré Tompoko ny lohasahanay azafady, s'il vous plaît, rendez nous, Messieurs au pouvoir, notre vallée des pintades."
C'est la raison de présence des paysans à la grève sur la place du 13 Mai .
Ils étaient une dizaine là-bas sur la place des révoltés... mais ils réprésenteront dorénavant , devant l'Histoire convulsive de l'instant et pour le futur trés proche , la voix de plus de 8 000 000 petits paysans, cultivateurs , bouviers, pêcheurs etc... que les politiques semblent ignorer.
La terre a enfin crié sa révolte. Enfin .
Bonne journée
Prochain chapitre : La contestation des paysans de Manapa.
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