vendredi 30 octobre 2009

MIGRATION PAYSANNE N ° 5

La Letttre de Radison . Etats Unis . ( suite )

Les Recherches de Monsieur Radison m'ont orientées vers Madame Elinor OSTROM , politologue Américaine , première femme à recevoir le prix Nobel d'économie en 2009 .
Les travaux et les analyses de la bonne gouvernance et , en particulier des biens communs (commons) d 'Elinor OSTROM méritent en effet un important détours sur la question petite paysannerie évidemment et petites exploitations agricoles .
Je vous avoue Monsieur Radison , que je n'avais pas du tout fait un rapport entre le paysan Malgache et le petit agriculteur de Minneapolis en Amérique. Excellent d'avoir"Mondialiser" la question paysanne . Merci .

" Tragédie " des Biens communs

Madame Elinor OSTROM écrivait , entre autres :
" Par exemple, des villageois qui se partagent un champ de pâture sont incités à le surexploiter : chacun a intérêt à y faire paître le plus grand nombre possible de ses vaches, puisque le champ ne lui appartient pas, et que le coût lié à son usure est partagé avec tous les autres éleveurs.
Pour la plupart des économistes, la solution à cette « tragédie »(1)passe soit par la création de droits individuels de propriété, qui font que le coût est payé par celui qui tire profit du bien, soit par la gestion des biens communs par la puissance publique.
Cette tragédie des communs se pose, en particulier, dans la gestion des ressources environnementales, qui n'ont souvent pas de propriété individuelle établie..."

1) Mot utilisé par La Prix Nobel

Pour plus d'informations voir SVP : http://fr.wikipedia.org/wiki/Elinor_Ostrom

le site de migration de Morarano
(photo extraite du film MAHALEO)
Question paysanne et Crise
Et la vie en brousse continue , malgré tout et ce "tout" s'applique au litige politique persistant , aux polémiques autours , au débat passionnel ou passionné dans les médias etc ...
La population active en brousse est estimée à plus de 3 000 000 de personnes en terme de main d'œuvre actif ou de paysans prêts à travailler si on veut .
La majorité des petits paysans exploitent des espaces comme ce paysage ci-dessus. (Voir : les Migrants n° 4 sur l'historique du conflit foncier dans ces lieux) .
Face à la crise au sommet qui sévit toujours à Madagascar , et au vu de la difficulté des paysans à comprendre si oui ou non , il y a toujours un responsable étatique en ville ou de savoir à qui il faut s'adresser en cas de services urgentes ( demande des renseignement sur les subventions aux communes ) , la perplexité saisit l'esprit de modestes personnes en brousse .
Un partenaire paysan m'avait une fois demandé :
"Avec la crise du pouvoir actuel enVille( fanjakana miady an'trano io ) , est ce que je peux encore travailler la Terre même sans Ministère de l'agriculture ? "
Je lui répondis : " Oui . Travaille vos terres . Ils vont toujours s'arranger entre eux en ville, mais toi par contre, tu n'auras pas de récolte si tu ne fais rien "
Journée Mondiale des femmes Rurales
En attendant ainsi les suites des travaux de notre chercheur Radison , l'évènement titré sus -citée avait été célébré à Marovoay ( là où pullulent les caïmans ) .Un des greniers à riz de Madagascar avec ses quelques 20 000 Ha de rizières irriguées.
Le vendredi dernier , 23/10/09 . Il y eu une mise sur le marché des semences favorables au climat chaud et sec de Boeny ( la variété TAHIA ...) L'île possède , entres autres , plus d'une centaine de variétés locales ou exotiques diront les Américains . Il y eu aussi question de la variété Ali-Combo , qui fut ( ?) une des premières qualité de riz pour l'exportation dans le monde. .
Ali-Combo était un chercheur Agronome arabo-Malgache qui avait mise au point l'espèce variétal du riz à long grain Ali -Combo , son éponyme .
La fête du village fut encore au rendez vous à Marovoay .Et bonne fête à toutes nos femmes rurales à Madagascar et dans le monde .
Marovoay est aussi par ailleurs , une des région qui attire tous les Migrants de Madagascar à la recherche de bonnes Terres .
Bon vendredi
bekoto

PS : Suite du chapitre / Les Migrants et paysans soldats d'Anosiarivo-Manapa N°4 ( Fin )

vendredi 23 octobre 2009

MIGRATION PAYSANNE n°2 Bis

Introduction :
Comment réussir une migration paysanne ?

Je restitue ici , en brut , le commentaire d'un haut technicien Malgache qui termine sa thèse à l'extérieur , aux États Unis , dans le secteur de l'aménagement du Territoire . Un représentant de notre fameuse Diaspora Malgache disséminée à travers le monde entier. Nos migrants Outre- Mer ( mpitady ravin-ahitra any an'dafy). Depuis la création de ce Blog en Février 2009 , Radison a toujours été là , à apporter ses observations pertinentes et ses critiques constructives . Radison va ainsi revenir dans son pays à Madagascar pour essayer d'apporter sa part de brique dans la restructuration du monde rural . Ou dans le développement de base avec la petite paysannerie .
Cher Radison , Bonne chance sur ta thése chez les " Be Kintana " et bon retour dans ton village natal . Hiverina any@ taniny ny Jiosy ( Exodus ou le retour à la Terre Natale )


La Lettre de Radison.Etats Unis .

Cher Namana Bekoto,
Je voudrais m'arrêter un peu sur la première paragraphe :
"Notre titre dans : les migrants ou mpifindra-monina(2) suggère déjà la louable ambition de ce projet de vouloir déplacer des populations vers les zones difficiles , désertiques , et voire , hostiles . Mais à ce jour , très peu initiative a vu le jour pour faire de nouveaux villages avec des nouvelles populations(1)..." écriviez- vous.
D'abord ,deux constats sont à faire sur le non-développement de cette dynamique: a) le système de construction sociale est bloquée par notre législation b ) C'est pour cela qu'il n'y a pas de nouveaux villages pour devenir des bourgs et des villes après. La thèse du Professeur Rafolo ( 3 ) indique notre capacité constructive à partir de technologie hydraulique pour bâtir de nouveaux villages et s'installer ensuite. Parce que nous sommes de génie en hydraulique mais ce n'est pas comptabilisé de façon intellectuelle (4 ) .Plusieurs aménagements attestent ce fait, comme la transformation des marais en rizières par endiguement et maitrise de l'eau (5) . Ensuite, le souci des politiques publiques est la démarche individuelle via le privé ( sous entendu système capitalisme) ( 6) fait une résurgence spectaculaire dans son œuvre " Governing the Commons" d ' Eleonor OSTROM (7) .
Alors pourquoi délaisser notre tradition pour ( et dans ) des actions de développement que l'État seul ne peut faire et il ne peut être présent partout.

A plus . mandra-pihaona ( au revoir )


RADISON . Chercheur et ingénieur Agronome .

23 octobre 2009 18:46

Notes explicatives
1) Voir chapitre Migration paysanne n° 2 du blog sur le sujet en question SVP

2) le Professeur Rafolo est un universitaire Malgache , chercheur et archéologue responsable aussi du Musée de l'archéologie sous marine à Madagascar . Pour information récente à ce sujet :
" Le Gouvernement Malgache est sur un affaire de vols de Patrimoine dans les mers du Sud de Toliary depuis le 5 octobre . Vols de 12 canons de 4 m à 1,5m qui gisaient depuis 5 siècles dans les fonds marins du Sud Ouest Malgache. Des voleurs ont mises à jour les canons en question qui sont issus de bateaux portugais qui avaient échoués dans la mer vers 1 500 , arrivée des Portugais sur l'ile " . Source : Radio Privé Malgache : Antsiva. Mercredi 21/09/09.


caravelle portugaise de 1500
http://www.herodote.net/Images/caravelle.jpg

3) Monsieur Radison fait peut -être ici de l'Américanisme dans son expression ?.Voudrait-il écrire " que les Malgaches n'ont pas capitalisé , ni écrit leur expérience traditionnelle ? Et que ce sont les Vahiny ou vazaha ( étrangers ) qui auraient écrit l'histoire de Madagascar à leur manière?" . Est ce cela le fond de pensée Radison ?? pardon d'interpeler ainsi mon cher . Pécisez si vous voulez bien .

4) Comme la grande plaine marécageuse du Betsimitatatra de notre Capitale et son aménagement séculier . Ou encore la grande maitrise des eaux de culture qui arrosent les rizières sur les collines aménagées en gradins dans le sud , vers la route Nationale 7 à Fianarantsoa , ( fomba fanaonentin-paharazana io ) .

5) Ou L'ultra- libéralisme d'hier 2005 ou et de demain ?

6) Elinor OSTROM in " Governing the Commons " . Qui est - ce SVP ? . Donne moi des informations sur cet ouvrage . Merci d'avance si vous pouver nous éclairer sur cette Dame et ses théories .

Bon week end ( Manaova Asabotsy mahafinaritra)

lundi 19 octobre 2009

LES MIGRANTS ( 4 ) : Etude de cas de Morarano

Les Migrants de Morarano : Cas N ° 2 .
( Suite de la conférence d'août 2006 )
"Notre 2 ème cas de migration est celui de Morarano, parcelle de Soamananjara , dans la commune d'Anjoma - Ramartina , District de Mandoto . C'est une migration de 141 familles paysannes qui avaient quitté leur village d'origine à Betafo ( 1 ) à cause d'une manque de terres de cultures .
Cette migration spontanée et volontaire , avait été appuyée par les Catholiques et les privés de bonne volonté. Le premier cas , Marotaolana , étant un projet de l'État Malgache.
Bref Historique
1995
Un petit groupe de paysans d'avant garde prospecta les nouvelles terres avec leurs fonds personnels . Ces fonds avaient servi à assurer ces dépenses suivantes : frais de voyage , achat du semis et engrais , achat d'un stock de vivres , administration comme les frais divers pour les autorisations à faire dans la Capitale . Ils étaient 13 personnes , des hommes solides .
1996
Les familles suivirent ensuite derrière , en 2 ème vague . l'opération était officiellement sous couvert du service de migration . Les 141 familles s'implantèrent finalement à Morarano ( où l'eau est abondante ) qui , comme le nom l'indique , est une magnifique vallée irriguée par des sources naturelles s'écoulant des forêts primaires (2) situées en amont d'une piste qu'empruntent parfois les bouviers nomades provenant du Sud et du sud- Ouest et de l'ouest (mpanao dabo-kandro sy mpitarik'omby )
Problème
L'affaire commença par un acte de destruction de récolte diligenté par ceux qui résidaient déjà longtemps sur place et qui ne toléraient pas les étrangers ( vahiny ) .
Tiers personne avait commandité le saccage des champs de manioc des migrants pour les dissuader de monter leur village sur ces lieux qui sont pourtant inoccupés et disponibles selon le service de Migration.
Précisons que le contexte était spécial en ce moment car c' était aussi la mise en place des nouvelles communes à Madagascar et la prise de responsabilité des premiers et nouveaux Maires élus .
Et ce fut le Maire élu en personne qui fit obstruction au Projet et qui avait agit ouvertement contre le projet de migration chapeauté par le pouvoir central de la migration du Ministère .
Ce type de conflits de compétence entre élus et État était sans précédent et méconnu , car c'était au fin fond du moyen-Ouest .
le Maire déclara , avec un fusil de calibre 12 dans les pattes , que c'était lui l'État et que c'est "ma commune" et , grossièrement exprimé , l'État c'est là bas en ville (any andrenivohitra any ny fanjakanareo fa izaho no fanjakana eto) .
Le tâtonnement et les balbutiements de la décentralisation effective du pouvoir étaient flagrants dans cette affaire baptisée par les médias :" l'Affaire Soamananjara ou "Rambo de la brousse" ou bien " La commune dont le Maire est le Roi " .
Des articles et une investigation journalistique d'une rare qualité avaient mise en lumière l'existence d'un curieux petit réseau de politico-maffieux qui ne faisait que racketter les petits paysans . Des articles de presse ciblèrent alors le Maire élu et les autres élus , des complices passifs ou actifs dans cet harcellement anti-paysans .
Offensive médiatique
Une grande campagne médiatique fut menée pour mettre en lumière la situation insoutenable vécue par nos141 familles . Celles çi avaient emmené , en plus , avec eux leurs enfants , la marmaille , et comme ils avaient tout vendu pour s'investir dans une nouvelle vie ( zébus , charrettes , cochons , rizières , meubles etc...) , ils furent acculés dans un piège à sanglier :
" Longoha mitafy bozaka io
, ary hamandrihana ny lambo ou c'est un fossé à sanglier recouvert d'herbe , ils nous poussent à tomber dedans comme un gibier de chasse.
Ces migrants ne pouvaient plus revenir en arrière . Vu leur situation de détresse , ils furent en droit et dans l'obligation de faire de la légitime défense. Et l'affaire devint rapidement une affaire d'État qui défraya la chronique pendant un bon moment. Ce n'est pas courant que des humbles paysans ripostent et s'organisent pour un violent affrontement ( raikitra ny ady tany ry Andriamanitra ô ) . La colère des justes fait peur . Crois moi . Et je peux vous l'affirmer ici en face en face dans cette conférence .
Une affaire de vrai/faux titre foncier fut alors mise à jour et dénoncé par un très bon journaliste pro-paysan (3) .
Le Maire en question détenait en effet un vrai/faux titre de propriété foncier sur les parcelles dénommées Soamanajara ( 4 ) et il voulait ainsi , pièces en mains , dégager les migrants .
Pourquoi chasser les paysans ?
Une des raisons plausible de cette " paysannophobie" est la présence d'importantes veines d'or de surface(5) dans une commune rurale aussi grande que l' île de la Réunion , d'où la tentation cupide de spéculer bêtement sur le Foncier ( Bizina volamena indray ny ady eo ) .
Plus tard en tout cas , un des premiers comptoirs de l'or dans notre pauvre grande île avait été érigé dans cette même commune . Le comptoir N2 d'Anjoma Ramartina ou Le C/or/N°2 D'anjoma R. pour faire la frime -technique .
2002 et la crise
C'était le moment de la crise du pouvoir et le chaos administratif totale . Le conflit de Morarano a été alors relégué en second plan par l'actualité très mouvementée . un statu quo avait dû être observé par les deux parties en confrontation .Les paysans , eux , ne purent dormir que d'un seul œil toutes les nuits et restèrent en permanence sur leur garde ( mandry an'driran'antsy ny olona aty ) .C'est fatigant et injuste car le lendemain , ils doivent encore aller dans les champs pour travailler et emmener les bêtes paître dans la vallée (mitondra ny biby an-kijana ) .
Et en ce moment aussi , le grand problème dû à la crise politique était, en priorité ,d'assurer la sécurité des biens ,des personnes et des animaux d'élevage d'abord .Vous vous en souvenez qu'à cette époque les Mavo ( mauvais ) faisaient la loi ?( tany tsy misy Andriamanitra ny aty aminay).
Leçon à tirer
Par delà les enjeux et les jeux politiques classiques ( ady seza lava io zavatra politika io ) car le Maire était membre d' un parti fort et dominant , le rôle de la communication a été vital et décisif .
Donc , un mouvement de migration doit surtout s'assurer tous les moyens pour rester en contact régulier avec l'extérieur et avec la ville . Briser l'isolement pour ne plus être l'éternelle victime des abus ou des caprices perpétrés des mini - caïds de la brousse ou des personnages politiques inquiétants et superficiels ( olona hafahafa ireo sady manpifezaka no mamono vorono fotsiny kay ) . A Suivre la dernière étude de cas N°3 : La commune des migrants et paysans- Soldats d'Anosiarivo Manapa .
Bonne semaine à tous .
Bekoto
Notes
1 ) De ce bourgade de Betafo ( Village aux nombreux toits de chaume) , avait été , étymologiquement tiré le nom de la pierre betafite ( minéraux de l'uranium ) . Betafo était aussi la capitale hautement historique de la région du Vakinankaratra. C'était le royaume d'Iandratsay qui , au 18 ème siècle , commerçait déjà avec les Arabes . Betafo est parfois appelé la contrée des cent volcans en raison des cônes égueulées de ses nombreux volcans éteints qui agrémentent son étrange paysage solennel et houleux .La région est très fertile grâce aux pouzzolanes , ces cendres volcaniques séculiers .
Sur le Betafite : www.LaMystiqueDesPierres.com

2 ) Les paysans - migrants me racontèrent qu'il avait eu une fois affaire avec une femelle de fosa (cryptoprocta ferox) qui protégeait ses petits et son territoire situé dans la forêt primaire . La fosa miaulait d'agressivité et empêcha les migrants d'aller chercher de l'eau et du bois dans cette forêt. Le fosa ressemble à un petit puma au museau allongé .Il est endémique à Madagascar . Sa cruauté bien que légendaire est fausse .L'animal est seulement féroce.Il n'attaque pas l'homme. Des zoologistes le nomment parfois le loup garou de Madagascar. Et c'est vraiment rare de pouvoir en croiser un pareil animal .

Merci à Agnès de Laterit Production pour ce " Fosa"

(photo j-fi http://www.flickr.com/photos/jonf/2807221108/)

3 ) Le Comité pour le Droit des paysans que j'anime actuellement était né durant ce contexte très éprouvant et incertain .Le Fokonolona de Morarano , ainsi que Justice et Paix de l'Église Catholique avaient ensemble légitimé sa création .
Merci à vous les jeunes journalistes de l'Express de Madagascar qui avaient pris un énorme risque pour couvrir pareil évènement pendant cette année de feu .

4 ) Soamananjara est le nom que nos migrants avait donné à leur futur village . Traduction large : Ce nouveau village est notre part de chance pour vivre .

5 ) l'or de surface s'obtient en creusant des étroites galeries rudimentaires pour ramener les terres aurifères à trier à la surface ( misivana volamena) . L'or alluvionnaire , lui , se trouve au bord des fleuves . Les orpailleurs de la zone arrivent à en extraire entre 5 grammes à 50 grammes par jour et parfois dans des conditions à haut risque ( mety handeha mba ny aina io asa io ) . Ces galeries non sécurisées sont baptisées par eux même couloir de rats ( làlan-boalavo ) .

Je vous donne l'heure Malgache :
Il est 3 heures du matin à Madagascar ou selon l'heure traditionnelle " les sorciers rentrent dans leur case après avoir fait le mal et après avoir dansé sur les tombes ( mody mpamosavy ny alina aty amintsika ) .

lundi 12 octobre 2009

SAISON DES PLUIES : Fahavaratra ( suite et fin)

Calcul naturel ( suite)
l'arrêté du 4 mars 1897 interdira définitivement les anciens poids et mesures Malgaches .
REFY ou Brasse : 1,82 mètres
DIA ou Pied : 0,27 mètres
ZEY ou Empan : environ 20 centimètres ( distance et écart compris entre l'extrémité du pouce et celle du petit doigt très écarté de l'auriculaire )
etc...
La remise en normes drastique du système de computation traditionnelle n' avait fait que déplacer la question car la majorité des Malgaches ( paysans , petits pêcheurs...) continuent toujours à mesurer " à la Malgache".
Situation paradoxale qui intrigue et perturbe nos experts étrangers ou non . Un double discours s'est alors mis parallèlement en place entre la brousse et le ville , en termes de vocabulaire et de terminologie sur les échanges commerciales ou sur les transactions ou dans bien d'autres domaines techniques .
Enseigner la logique en agriculture ?
Un constat établi par des ingénieurs agricoles sur l'état des lieux en brousse :
" Ces techniques traditionnelles , en agriculture , exigent beaucoup trop de travail et donnent de fatigue pour le paysan : le labour de 1Hectare ou 100 ares demandent 100 journées de travail pour 1 homme ( 100J/H) " ; le sarclage par ailleurs ( arracher les mauvaises herbes ) de la même surface de 1 hectare demande en plus 100 autres journées par paysan .
Pour les 100 ares , il leur faut 200 Journées . Ce calcul et cette extrapolation sont effrayants car le paysan serait ainsi condamné ( c'est le non-dit) à bêcher en longueur d' année pour toute sa vie . Diagnostic sévère .
La solution ? "
Nos nouvelles technologies baptisées X leurs permettent donc la réduction des Temps de travail et la diminution de la pénibilité , et pour la même surface pour ainsi de gagner du temps .
75 Journées suffissent avec notre méthode X au lieu de 200 journées " ( 1 ) .
Mesures paysannes
Le " Katinina " ( Cantine ? ) : 5 Kilos .
Les paysans des hautes terres usent du Kantinina pour mesurer le paddy , riz non- décortiqué ( Akotrim-bary ) . Le procédé consiste à définir et à légitimer entre les paysans eux même un autre système de poids et mesures qui comprend une grosse assiette plate et un récipient de fer - blanc ( Vy fotsy ) . L'assiette ( lovia pelaka) se trouve dans les magasins de quincaillerie .
C' est une assiette à soupe en faïence de modèle standard décoré de fleurs .
3 assiettes de paddy équivalent à 1 Katinina qui est une sorte de petit fût de fer blanc . Soit 5 kilos .
Pourquoi le paysan propose et impose même ses propres mesures vis à vis des acheteurs et du marché ? pourquoi il se méfie des balances agrées par l'État ? Ils ont coutume de dire , en aparté bien sûr , que les autres mesures ne sont pas semblables à la leur ( tsy mitovy lanja anie ny antsika é) . Ce désaveu discret des autres mesures ou ce traumatisme sont - ils dûs aux escroqueries perpétrées à coup de balance truquée depuis toujours ? c'est à dire depuis les échanges inéquitables entre ville/Campagne ,Pays riches/pauvres et le Nord/Sud ?
D'autres régions utilisent le Vata ( ou caisse ) , qui est encore un autre modèle de poids .
Sinon tous les Malgaches dosent leur riz à cuire au " Kapaoka" , le fameuse boîte de lait suisse nestlé qui équivaut à 310 grammes je crois ( firy kapaoka ny vary hatokona ? ) .
Dans les régions aurifères , les chercheurs d'or et les orpailleurs de Maevatanana de la région de Boeny , à défaut d'onces ( 2 ) ou des plaquettes de mesures officielles agrées , utilisent quelques grains de paddy et 14 grains de paddy riz long de la variété Ali Como pèseraient exactement 1 gramme selon les orpailleurs et aventuriers .
Je n'ai pas vérifier sincèrement . Mais les acheteurs de poudre d'or répètent toujours ces chiffres de 14 grains de paddy .
Mesure de surface ou le Ketsa
La dimension d'une rizière se mesure aussi en fonction du temps que la paysanne est capable de donner . 10 ares ou le 1/100 d'hectare est appelé Ketsa iray vavy ou surface qu'une paysanne peut repiquer en jeunes pousses de riz dans une journée de 6 à 8 heures de travail.
I hectare exige donc 100 paysannes pour le repiquage . C'est seulement une façon d'apprécier l'investissement humain à faire . Car une centaine de paysannes ne font pas évidemment ensemble dans une journée un méga- semis . le temps de travail est reparti dans la semaine et selon un calendrier cultural rigoureux .
Le " ketsa 10 vavy " ou semis pour 10 femmes travaillant d'affiliée pendant 10 jours équivaut ainsi à 100 ares de surface ou 1 hectare(3).
Quand un paysan estime d'un coup d'œil un nouveau champs et quand il affirme " ketsa 10 vavy io " (10 femmes pourront faire ce semis en 10 jours ) cela veut dire aussi que ce champs a une surface de 1 hectare .
Quand les agriculteurs dans les pays riches font leur semis par voie aérienne , unique solution pour semer 1000 ha ou 100 000 hectares de rizières d 'un coup d'aile d 'un avion Canadair ( cas de la Camargue ) , leur soucis entre dans leur logique productiviste et mécaniste .
Semer le riz à la main et en groupe comme toujours , et à l'ancienne , entre dans la logique culturelle d ' une civilisation du riz . Être fidèle à ses propres valeurs et respectueux des traditions de la Terre , de leur Terre ( Fomban-taninay io ) .C'est un Droit .
Comprendre d'abord
La conclusion serait d ' affirmer tout de go que les paysans ne savent pas compter. Faux . Plutôt , ils ne comptent pas comme vous et moi , les scolarisés et les lettrés . Tsilevo le bouvier nomade ( voir les migrants ) lui , connaît par cœur ses 7 000 zébus car il leur donne des noms en fonction de la couleur de son pelage ou en fonction de son caractère . Ikala mena ( la rouge ) , bory tandroka ( corne cassée ) Lay Adaladalafotsy mavoka ( le blanchâtre fou - fou ) .
Inconcevables pour ceux qui ne raisonnent pas comme lui , mais qui , par contre , fonctionnent aussi vite qu'une machine à calculer ou comme une calculette de poche .
Les paysans ont une autre mode de comptage et de mesure . C'est tout . Cette mesure du travail à l'échelle de l'homme a, au moins , le mérite d'être extrêmement simple, précis , juste et pratique. Est ce que c'est cela la fameuse Economie sociale ?
Développement soutenable , durable , participatif etc... en d'autres termes car le développement ne devrait pas nuire ni à l 'Homme ni à son environnement . Sinon , le phénomène social du karoshi en Asie semble être , par ailleurs, un de ces étranges symptômes de l'extra- Développement ( 4 ) .
A propos d'intelligence non-artificielle , les psychologues évoquent dans la notion de l' Eidetisme :" Cette faculté d'une personne de revoir avec une grande acuité sensorielle des objets perçus plus ou moins longtemps auparavant , sans en croire à la réalisation matérielle du phénomène " (avoir un esprit eidétique) . Ou simplement mémoire d'éléphant .C'est un peu ce fameux savoir traditionnel de tous les peuples primitifs ou pas de la planète . Sans nostalgie , ni apologie politico-romantique d'un monde paysan archaïque en voie de disparition dit-on .
Oui la Terre et les paysans ont bonne mémoire. Ils ont aussi leur propre façon de "computer " et de quantifier . Naturellement dira l'autre .
La civilisation de la vitesse a oublié les paysans . les paysans , réciproquement se méfient de cette vitesse . Mais eux ils continuent à fonctionner à leur façon , sans trop nous demander des comptes en plus .
A se poser des questions de fond , à l'égal du professeur Galibert de notre table ronde des voûtes à Paris en Février dernier sur le pourquoi de cette "Instrumentalisation de la paysannerie par les pouvoirs successifs à Madagascar " ?
Fruits de saisons
La fête et le Festival des litchis viennent de commencer sur la côte orientale . l'année a été bonne paraît-il et les litchis seront charnus et juteux . Bon appétit .
Bon lundi
bekoto
1 ) Une nouvelle technologie visant à réduire le temps de travail du paysan avait été , durant 15 ans , initiée , enseignée en brousse .Mais nos paysans ne l'ont jamais adoptés cette fameuse technologie visant à économiser son temps de travail dans les champs . Ont -ils compris que c'est dans leurs intérêts ces Recherches ?
Un diagnostic de ce blocage ou retard méritera plus tard d'être objectivement mener . Voir chapitre " Recherches et Développement N°1 . Plus de 10 millions d'euros ont été injecté dans ce projet X sus-cité . le titre de ce projet est volontairement non-spécifié de ma part . Pour éviter une polémique trop prématurée avec toutes les Coopérations internationales de chez nous à Madagascar . A traiter en temps opportun car les résultats mitigés d'une tel investissement mérite quand même une petite discussion franche quant à propos d 'une coopération qualifiée de juste et efficace. Les paysans n'ont pas la montre. ils ont le Temps. A suivre donc .
2 ) l'once :mesures anciennes des romains ( 27,25 grammes ) ou oz chez les Anglo-saxons (28,35 grammes )
3) Des interdits et des tabous entourent toujours les rizières . La rizière , par exemple , est interdite à une fille ou femme ayant leurs menstrues ou règles . Et la fête des moissons reste toujours un grand évènement culturel dans nos villages . Les fêtes de la récolte (fararanon'danonana) .
4) karoshi : mot japonnais qui veut dire mourir par stress . le Karoshi est un phénomène social au pays du soleil levant . Mes excuses pour avoir parlé des problèmes des autres sociétés . Grand respect pour les riziculteurs et chercheurs Japonnais qui font aussi partie , comme nous les Malgaches , des grands mangeurs de riz de la planète .

PS : il est 16h15 mn . Mby am-joron'akoho ( le soleil frappe l'angle sud qui est l'emplacement réservé au poulailler , juste au dessus du parc à veau )

vendredi 9 octobre 2009

SAISON DES PLUIES : Fahavaratra

Le Temps du labours
Depuis quelques jours , sur les Hautes Terres , le couchant prend une couleur mandarine mûre et les matins sont chauds et brumeux .Il fait bon d'être lève tôt . L'hiver austral est bel et bien parti .
Les paysans imprévoyants qui n'avaient pas curé leurs canaux ( tatatra ) pour l'eau de leurs cultures ont eu des problèmes de crues dans leur vallée rizicole . La beauté du ciel avec de nuages gonflés de pluies ne réjouissait que moi qui me permettais béatement , le nez en l'air , de contempler les signes éternels de la saison des pluies et des cyclones tropicaux . Nos paysans , eux , s'organisent pour le labour , pied sur terre.
Fabriquer le Temps
Le calcul des techniciens agricoles prévoit qu'il faudrait :193/J/H de temps de travaux pour 1Ha de maïs . Traduction : un paysan avec ses méthodes traditionnelles ( sa bêche , ses forces de bras , ses zébus à charrue ) perd trop de son temps et de son énergie car il va mettre en tout 193 jours pour l'itinéraire technique ( labour, semis etc..) pour travailler son 1 hectare de terres pour ses maïs . La conclusion classique est que le paysan n'est pas rentable . Donc il faut innover et changer la façon de faire . Une nouvelle méthode de cultures le permettra de faire du maïs avec , seulement , 82 jours . Au lieu de 193 jours .
Exemple de malentendu technique . Il y a un mal-dit ou un non-dit ou un trop -dit pour obtenir ce genre de malentendu désormais historique que nous résumons , quitte à caricaturer , par le conflit tradition/moderne , ou bien nation en voie de Développement , ou aussi pays émergents .
La notion du temps a changé là où les révolutions industrielles ou idéologiques avaient laissé leur marque .
Le paysan en question possède ses propres modes de calcul " naturel " . Un temps à la mesure de l'homme et épousant la marche des saisons , un temps qui prend en compte la nature dans lequel il évoluait depuis toujours . Et les techniciens , eux , ils passent ou changent toujours de discours ou de méthodes selon l'orientation ou " le truc" et gadget du moment . Ce ne sont pas les innovations techniques ou les méthodes qui ont manqué depuis toujours dans le monde agricole .
Calcul naturel
"Les malgaches n'ayant ni montre ni horloge , avaient ( ont ) des expressions pour désigner les différentes heures du jours et de la nuit . Elles étaient ( ont ) été établies suivant la marche du soleil par rapport à l'ombre qui se déplace autours de sa maison . La fameuse horloge solaire qui cadençait la vie de toutes les civilisations du monde . Des Aztèques aux chinois anciens.Précisons aussi que le soleil ici se lève et se couche à la même heure . Avec un écart d'une heure environ selon la saison .
Exemples
Il est 8 heure du matin : Afa-drano-panala ( Quand la rosée s'est évaporée )
Il est 3 heures du soir : Am-pamatoran-janak'omby ( Quand les rayons du soleil de l'après midi arrivent à l'endroit où le veau est attaché
A suivre
Bon vendredi
Bekoto
PS : Juste vous dire que le labour commence...

mercredi 7 octobre 2009

LES MIGRANTS ( 3 ) : Etude de cas

Introduction
Suite à l'atelier d'août 2006 ( 1 ) au Centre d'appui et de formation agricole (CAF ) à Antsirabe , sur la Migration intra-régionale , je vous restitue ici mon intervention devant des leaders paysans , des représentants du Ministère de l'agriculture , et des responsables de fédérations paysannes .
L'exposé
" je vous présente 3 cas de migration paysanne . Le choix des sites de migration est simple car je suis toujours en contact régulier avec les migrants qui n'hésitent pas à venir dans ma maison pour des conseils ou pour m'apporter des nouvelles du village .
Le cas n°1 se situe à Marotaolana ( là où s'entasse des ossements) ( 2 ), commune rurale d'Anjoma où est implanté depuis 1975 et bien avant même le projet de migration officielle de l'Etat .
Le cas n°2 est une migration "spontanée" et volontaire de 141 familles dans la même commune sus - citée . Le site s'appelle Morarano (3) ( là où l'eau est abondante ) .
Le cas n°3 est celui de Manapa . Village crée à travers un mouvement de population paysanne déclenché en 1963 , durant les premières années de l'indépendance pendant laquelle l'État Malgache incita et appuya financièrement la migration et distribua les terres fertiles (sans paysans ) aux volontaires désireux de faire une autre vie ( manao fiainan-baovao ).
Comme remarque générale sur ces différents cas , il y a des similitudes dans la première démarche des groupes . L' implantation se fait systématiquement par étape , avec le temps , les paysans- migrants s'adaptent progressivement à son environnement et avec ses voisins . D'abord , les postulants à l'aventure migratoire envoient sur les futurs lieux d'occupation un petit groupe d'hommes , un avant-garde de solides bonshommes ( lahy matanjaka maro maro ) dont le rôle est de tâter le terrain vierge ( mitsapa ny tany vao ) et demander l'accord les populations historiques résidant sur place ( manao fomba sy miera any Tompon-tany).
A priori , comme vous pouvez le constater sur votre propre chantier agricole ,ces paysages en apparence inhabités et déserts sont bel et bien occupés ou servent de relais et de bivouac aux pasteurs nomades Bara , Antandroy . Parfois des chercheurs d'or et de pierres précieuses sillonnent cet immense panorama . Je ne vous parle même pas des bandits et des Mavo ( les mauvais) qui hantent nos campagnes et qui nous donnent souvent des cauchemars.
De toutes les façons, les brigands font partie du risque dans notre métier de développeur en zone hostile...Sinon , avez vous pu observer aussi que chaque colline(havoana) , qu'un coin de vallée silencieuse ( lohasaha mangina) , qu'un lambeau de forêt primaire , qu'un morceau d'espace ( singana toerana kely ) possèdent toujours un nom ou une appellation ? (4)
Si ces lieux inconnus ont un nom c'est que d'autres hommes étaient passés par là , avec leur histoire , leur défi et leur espoir aussi .
J'espère qu'avec ces études des trois cas , des hypothèses de travail pourront être élaborer pour pouvoir réussir , comme l'indique le sujet du jour ,une migration paysanne .
Le site migratoire de Marotaolana 1975
J'ai connu ces migrants originaires des hautes terres grâce à un litige foncier qui les opposait à la population nomade Bara , premiers occupants historiques des lieux .L'affaire actuellement traité auprès du tribunal s'appelle " l'affaire Tsilevo " , du nom d 'un neveu de chef traditionnel Bara . Le jeune tsilevo est en conflit contre les paysans .
Historique
1975 :première occupation des lieux par les migrants officiels.Création du hameau Marodita(où pullulent les sangsues ).Cérémonie et demande de bénédiction auprès des bouviers nomades Bara , ces propriétaires naturels des espaces.Cette demande de terres se fait devant le Fokonolona et l'accord verbal sera plus tard entériné par le Fokontany ( cellule administrative de base ).L'accord se fait sur parole devant témoins ( teny hiarana )
1985 : extension des terrains de cultures et une autre cérémonie pour redemander d'autres terres aux Bara
1986
Un membre du clan Bara riche en cheptel bovin, le fameux Tsilevo , arriva sur les lieux . Étant le neveu d'un puissant chef de clan , le jeune et fougueux Tsilevo est un intouchable.Ses zébus , en ce moment là , commencèrent à divaguer et à manger la récolte des paysans-migrants. La destruction de récolte est une affaire pénale .La tension commença à s'installer entre les deux communautés qui étaient pourtant en relation de bon voisinage avant .
1995
Tsilevo augmenta encore ses troupeaux de zébus . Le fokonolona parlait même de 7 000 têtes de zébus .Les mauvaises langues accusèrent par ailleurs Tsilevo d'être un chef de bande de voleurs de zébus ( dahalo izy io ). Et la destruction des récoltes par les bêtes continua .
Pointe d'humour involontaire , les paysans mirent un panneau qui démarquait leur territoire , le genre " Défense d'entrer , propriété privé " . Cela ne put empêcher les dégâts causés par les animaux de Tsilevo et en réplique aux paysans furieux , notre Bara répondit : " Mes zébus , comme moi , ne savent pas lire vos panneaux ".
1997
les paysans portèrent plainte auprès du Tribunal sur leurs 24 Ha de manioc et de maïs brouter jusqu'à la racine par les zébus " analphabètes " de Tsilevo. ( lanina mbany fakany ny mangahazo sy ny katsaka )
1998
Les autorités ( maire , gendarmes ) confrontèrent les antagonistes et les prièrent de s'arranger à l'amiable . Cette région hostile n'a pas besoin d'une friction inter-clanique de plus supplémentaire .
1999
Mais Tsilevo le nomade Bara , riposta et porta aussi plainte sur une affaire de cochons des paysans qui auraient profané et souillé des coins sacrés ... Les porcs sont tabous chez les nomades Bara et tsilevo , paré de ses amulettes et sa lance , demanda par la suite des titres d'acquisition et de bornage de ses pâturages traditionnels de plus de 2 000 Ha auprès des services des domaines .
Ce qui suppose à terme , la fin et la mort des villages des migrants car ceux -çi n'auront plus jamais d'espace à l'avenir pour étendre leurs plantations et leurs villages .
A cette époque , le tribunal trancha en suspendant tous les travaux agricoles sur les pâturages à problème tout en donnant raison à Tsilevo le fougueux bouvier Bara aux 7 000 zébus . Les histoires de tabous ( fady ) sont des histoires graves en brousse .
Nos migrants , dont les familles augmentèrent au nombre de 400 familles , soit environ 2 000 âmes , firent appel . En désespoir de cause .
2006
Un statu quo ou une trêve tacite ont été observés par les deux parties en litige . L'Etat étant aussi en pleine réorientation sur sa politique agricole et Foncière .
En plus les cochons en liberté des villageois avaient bel et bien " souillés" une case Bara .
En résumé , et par delà l'aspect juridique du conflit , nous pouvons relever les points suivants :
A) C' est un conflit classique et universel entre éleveurs sédentaires et bouviers nomades
B) La politique de migration rencontre l'insécurité Foncière , source de blocage du développement et de la prospérité des villages .
C) Une politique judicieuse sur les pâturages traditionnels et sur les mouvements des nomades et de leurs troupeaux n'est pas encore insérer dans un cadre institutionnel clair . Une harmonisation des intérêts du paysan sédentaire et du bouvier nomade doit être étudier de très prés .
Bref , c'est un conflit de cultures différentes , un conflit de civilisation même si vous voulez .
Que faire ?
l'impuissance des autorités à régler ces drames récurrents en brousse , provient , dans le fond, d ' une manque de perspective dans l'attribution équilibrée des espaces et pour les cultures et pour les élevages ambulatoires traditionnels . Ce sont deux activités complémentaires pourtant .
La politique de migration , si nous tirons une leçon sur Tsilevo , doit prendre en compte les occupants historiques des lieux . un respect et une tolérance des us et coutumes des Bara est le minimum demandé aux migrants .Le "minimum vital " . Pour éviter des troubles sociaux inutiles et harassants à la fin . Ce n'est pas facile de gérer tout le temps des conflits inter-communautaires ou inter-claniques en brousse .
A suivre .Morarano . Cas n°2
Bon mercredi
Bekoto
PS :La politique du " Ranching" initié en 2007 par l'ancien pouvoir au sud , à Ihosy , le paradis des zébus semi-sauvages , consistait à parquer obligatoirement tous les ruminants dans un "Ranch" plus ou moins privé de 1 000 Ha et plus.
Dans un premier temps , les éleveurs nomades mirent leurs bêtes dedans . Mais actuellement , vu la débandade constatée auprès des futurs Cow Boys du Ranch d'Ihosy , les nomades ont très vite retiré leurs bêtes car, selon eux , " elles maigrissent et souffrent de ne pas pouvoir gambader ou se battre entre eux " ( mijaly avao aomby né...mahi biby..tsy afa-mialy koa 'reo ).
Pour la petite histoire de bêtes , un spécimen de zébu semi-sauvage , un monstre de la nature de 650 kg avait été , lors d'une foire paysanne exposé à Maintirano , dans la région du BOENY .
Notes
1 ) 2006 : rappel sur le foncier . C'était le moment de la réforme foncière suivi de la révolution verte .
2 ) Marotaolana ( où il y a beaucoup d'ossement) est un lieu devenu historique par les guerres frontaliers entre les hautes Terres et les royaumes Sakalava . Le lieu dit fut le cimetière des soldats morts dans la bataille .
3 ) Morarano : C'est le village des migrants que vous pouvez voir dans le film " Mahaleo" de Paës et de Rajaonarivelo . Voir Laterit SVP .
4 ) La toponymie ou l'étude de l'origine et de l'étymologie des noms des lieux est une science d'avenir pour nous . Les satellites ou le SIG ( système d'information géographique ) nous dévoilent du ciel des " paysages vides et désertiques " . En opposition avec la mémoire des Malgaches qui ont déjà donné des noms à tous les lieux inimaginables . Regardez attentivement une carte de Madagascar échelle 50 000 ème . Vous verrez tous les noms des coins supposés inoccupés , inhabités et inconnus .

mardi 6 octobre 2009

LES MIGRANTS ou MPIFINDRA - MONINA ( 2 )

" Comment réussir une Migration " ?
Des acteurs de développement ( ONG's , Leaders paysans etc...) s'étaient , un jour , réunis , à l'initiative du Fonds Européen sur la Migration pour dégager , ensemble , des pistes d'actions pratiques pour créer des villages . ( 1 ) . Notre titre suggère déjà la louable ambition de ce projet de vouloir déplacer des populations vers les zones difficiles , désertiques , et voire , hostiles . Mais à ce jour , très peu initiative a vu le jour pour " faire de nouveaux villages avec des nouvelles populations " et les Malgaches continuent à s' entasser ( 2 ) dans les villes , ces centres qui sont aussi comme toutes les villes du monde , malades de leur croissance et (ex)croissance . D'après les projections diverses , une explosion démographique est à prévoir en 2025 dans la grande île et les contraintes migratoires seront à prendre au sérieux . D ' où l'atelier sus- cité .
Bref historique de la Migration
Les institutions concernées par le mouvement Migratoire étaient le Ministère de l'agriculture ou celui de l'aménagement des territoires actuellement . Les textes anciens de 1974 sur la migration définissait le rôle de l'État comme suit :
a ) l'État organisait les mouvements migratoires dans les zones définies par avance comme , par exemple , les Zones d'aménagement Foncier ( ZIA ) qui englobent tout le Moyen Ouest de l'île , cet immense plateau que les géographe dénomment la façade Mozambicaine . Les sites officiels destinés aux migrants ( mpifindra - monina) sont :
Ambararatabe ( Lieu des hauts bambous ) à Tsiroanimandidy ( 3 ) ,
Ajoma dans le Vakinankaratra ou
Ihosy dans région de la Haute Matsiatra ( 4 )
etc ...
b )Une enquête socio-économique et foncière était commanditée par le Ministère de tutelle pour les relevées pédologiques afin de savoir les cultures favorables à planter, et pour le calcul de surface à doter par famille ( 5 à 8 Ha /famille en moyenne ) .
c ) Des obligations sont exigées aux volontaires-migrants : " mise en valeur directe , paisible et effectif " ; interdiction de fermage et de métayage des terres octroyées .
Dates- clés
Les Kibboutz - Israéliens et les Coopératives
Avant 1972 , les Israéliens avaient initié des communautés - migratoires à aménager l'espace selon leur propre modèle . Les orangeraies israéliens étaient légendaires à l'époque .
En 1975 , la Direction des réformes agraires , ayant récupérée le projet migratoire , continua dans les sillons tracés par les Kibboutz , mais avec ce rien de doctrinaire et d'enthousiasme militant ( Coopératives Socialistes et révolutionnaires , à l'image du Doujtché Nord Coréen ) .
En 2006 , ce fut le revirement totale de la politique car la libéralisation et la privatisation ont été les nouveaux axes de travail officiel .Des réformes ont été décrétées : suppression des subventions d'État aux migrants ; rôle désormais " passif " de l ' État qui devint , non plus un accompagnateur et un soutien , mais un prestataire de services qui faisait payer ses conseils ; enfin l 'énorme difficulté du service de Migration même ( restructuration tactique selon le jargon ) , donc l'abandon de fait des " Terres sans paysans " .
Enfin , un schéma Directeur de la Migration fut crée afin d'harmoniser des futurs et possibles conflit d'intérêts entre les trois principaux acteurs : l'État et les élus, les opérateurs privés et les paysans- Migrants .
L'orientation de l 'État vers l 'Agro-business et la révolution verte pourra s'interpréter , et d'un , par l'abandon de la politique de soutien à la migration organisée des paysans et , de deux , par le feu vert accordé aux opérateurs privés étrangers ou non qui désireraient s'investir dans le créneau abandonné de l'agriculture .Au fait , des spécialistes soutiennent par ailleurs que " l'agriculture Malgache est un secteur sinistré " . Pour ces experts en développement , ce ne sont pas les mots/chocs et les slogans qui vont leur manquer entre nous .
L'actualité sur le Foncier est encore très agitée en ce moment . A l'exemple de l'affaire Daweo qui défraie toujours les chroniques dans les chaumières et même dans le monde entier . Madagascar avait osé " Chasser le dragon asiatique qui voulait manger leurs terres " selon un journal hebdomadaire Suisse .( 5 )
Et maintenant ?
l'État Malgache , à propos du Foncier et du mouvement migratoire , parle de " transition Foncière" , donc d'une situation de Statu quo quant à la politique ( le défi ? ) du retour réaliste et rentable vers la Terre dans l'intérêt supérieur de la paysannerie d'abord .
Avec ou sans les aides et les soutiens, nos paysans sillonneront toujours Madagascar à la recherche de bonnes terres , et avec ou sans papier en mains , nos bouviers - nomades traverseront toujours notre pays du Nord au Sud , en longueur d'année pour trouver des pâturages . Par coutume et par tradition .
La migration a plusieurs facettes et à la prochaine page , nous allons décrire les types de migrations ainsi que les modes d'occupation du sol .
Nouvelles du jour de pluie
La pluie est fidèle au rendez vous d'octobre , et depuis hier , elle arrose généreusement le sol et la plante . Les paysans sont bien contents , surtout ceux qui avaient labouré plus tôt leurs terres , en août ou septembre .
" Avec ou sans les sanctions internationales ...les paysans continueront toujours à produire et à vendre leurs produits et leur bêtes " ( 6 )
Enfin , une ONG's collègue avait célébré , avec fierté ses 20 ans d'action de formation paysanne en brousse , la responsable de l'institution , une ingénieur - agronome , en confrontation permanente avec les villageois avoua : " Seuls les paysans uniquement savent leur chemin pour trouver leur avenir..." ( 7 ) Elle fait allusion à la responsabilité et au bon sens dont les paysans - partenaires avaient fait preuve durant leur 20 ans de travail ardu et commun .La notion de co- cheminement avec les villageois est évoquée ici . Marcher ensemble ,.même si chaque personne a son propre destin , "marchons ensemble pour un bout de route... (miara-dia sy miara mandroso foana ).....
Bon Mardi
Bekoto
1) " Atelier sur " Migration intra- régional ou comment réussir une migration ? " 16 Août 2006 . Direction de la Migration . Ex Ministère de l'agriculture .
2 ) " s'entasser en ville " : ce verbe un peu gênant a été utilisé par un ex- responsable du Ministère de 'Agriculture . Mais la migration à Madagascar ne doit pas être en opposition contre la ville . La dérive idéaliste et polico-sentimental du style " vivre heureux et caché en brousse" et haïr les villes n'est pas une bonne approche pour comprendre et réussir un retour à la Terre...car les villages ont toujours besoin des villes et réciproquement .
3) Voir la Table Ronde des Voûtes de Février et notre amie Véronique " la Bretonne " de Tsiroanimandidy . Elle connaît bien la région . Bonjour Véro .
4 ) Bonjour Sophie Moreau de la Table ronde des voûtes aussi . elle possède une importante thèse sur cette région de la Haute Matsiatra .
5 ) Le journaliste - reporter Michel Beuret , de " l'Hebdo" n ° 36 , Septembre 2009 , en Suisse a réalisé un grand reportage intense et précis sur le Foncier à Madagascar . Merci à monsieur Beuret .
6 ) in Hebdomadaire " Lakroa n'i Madagasikara n° 3137. septembre 2209 . ( La Croix de Madagascar )
7 ) FIFATA. Antsirabe . Octobre 2009 .

samedi 3 octobre 2009

JEU INTERDIT : Le Fanorona

Le Fanorona : jeu royal .
De la racine " oro" ou Fondation , ce jeu traditionnel a été l'apanage exclusif de la cour Royale et des princes dans les anciens temps ( Fahagola) . Un prince , pour avoir été trop absorbé par le Fanorona , avait perdu son royaume car il avait négligé l'assaut de ses ennemis qui étaient déjà à la porte du village .
Durant l'histoire coloniale , les joueurs de Fanorona entraient en clandestinité pour s'adonner à leur passion et fuir les soldats . Le " Fanorona" était interdit pour maints raisons : oisiveté, attroupement suspect , et jeu intellectuel qui risquerait , selon nos nationalistes purs et durs , de renforcer notre résistance culturelle Malgache face aux cultures étrangères (kolon-tsaina Vazaha)
De Jérusalem à Analamanga
L' historique de ce jeu se perd dans la nuit des Temps . A Jérusalem , sont gravées sur un rocher, des cases du jeu de Fanorona , et les juifs sont encore intrigués par ces cases mystérieuses tracées par ...par qui ?. Et à Jérusalem , c'est un Jeu de Fanoro-tsivy ou jeu à 9 cases que nous pouvons contempler chez les Israéliens et Palestiniens .
D'autres hypothèses avancent aussi que la racine du mot " oro" veut peut être dire : indiquer , orienter (manoro) . Entre indiquer ( manoro ) et fonder ou bâtir ( manorona ) , la traduction extensive du Fanorona serait donc : " indiquer et orienter le jeu pour bâtir une stratégie " ? .
Sinon , une des qualités de ce jeu traditionnel et mystérieux aussi est l'absence d'agressivité ou d'esprit de compétition. Si l'échec ou autres jeux de société déploient une stratégie martiale et redoutable (mort au Roi...je prends ta reine) , le Fanorona n'élimine pas l'adversaire mais le " neutralise " , quitte à l'humilier . Le perdant , dans les anciens temps , devait lécher de sa langue la tablette de jeu sous les rires et les quolibets du village et de la foule amusée .
Fanorona : Jeu paysan
" La finale Nationale du tournoi : " Open fanorona maty siva" ( jeu à neuf cases ) a vu , après deux heures de jeu la victoire de Mahefa , paysan du Vakinankaratra contre Armand de la ville d'Antananarivo ." selon la presse locale d'avant hier .
L'organisateur du tournoi attribua au champion paysan une vache bien grasse offerte par une Ministre , grande admiratrice de ce Jeu de Fanorona " ( 1 )
La Finale s'était passée dans la Capitale la semaine dernière et le match , projeté sur grand écran , avait été même retransmis à la télévision Nationale . A la grande joie des amateurs et des passionnés .
Il y eu même foule et foule devant les écrans de télévision des magasins dont les gérants eux même suivaient passionnément la Finale . le silence quasi-religieux d'une foule concentrée et silencieuse dérouta plus ou moins les étrangers qui me demandèrent une fois " Mais c'est quoi ce jeu ? ". " Le Fanorona monsieur " répondis-je , tout en suivant d'un œil intéressé les feintes et diversions des grands joueurs sur l'écran du magasin Indo-pakistannais .
Les paysans , en effet , se sont bel et bien appropriés ce Jeu des princes . En plus , ils sont les meilleurs actuellement dans la grande île . Le Comité National du Fanorona avait été , vers les années 70 , animé par le Prince Ramanetaka dont un des ancêtres , était le sultan de Zanzibar (2) . On me dit qu'en Afrique , il y aurait aussi des Joueurs de Fanorona . Est ce possible ? Ce " "on-dit" sur le Fanorona Africain m'intrigue sincèrement . A vérifier .
Je sais surtout , d'après le Prince Ramanetaka que le siège International du Fanorona se trouve aux États Unis à Charleston et qu'un Club Mondial est actif en ce moment avec les Japonnais et les Suédois , les Américains et même des Anglais .
Disgression
A propos de la devise de notre Capitale à Iarivo , " Ny arivo lahy tsy maty indray andro " ( on ne peut pas éliminer 1000 soldats en un jour ) , cette devise mérite une réflexion plus pacifiste car le fameux " maty indray andro " ou mourir en une journée , est une figure de Fanorona qui consiste à immobiliser , à neutraliser l'adversaire pour le pousser publiquement à abandonner le jeu . Donc il n'y a rien de belliqueux , ni de militaire dans la devise de notre Capitale . Le débat est ouvert si vous voulez interpréter comme moi cette devise dont la traduction , selon moi , est donc " Tu ne peux pas immobiliser en une journée mille soldats " .
Le fond de sagesse du jeu est : " "Ne jamais humilier son ennemi même si tu as réussi à le ligoter comme un zébu furieux " ( Na tsara fatotra toy ny omby aza ny Fahavalo , aza hadino fa olom belona foana io...fa tsy biby ) .Car un ennemi est avant tout un homme . Comme nous .
Bon week end
Bekoto
PS : la victoire de ce paysan au Fanorona est un évènement presque National en brousse .
Mais nous reprendrons après ce salut au jeu traditionnel l'histoire de la Migration à la prochaine chapitre . Félicitations aa Mahefa l'inamovible champion National de Fanorona .
1) Des centres Cultures étrangères aussi font maintenant la promotion des jeux traditionnels Malgaches .
2) Le Comité Nationale du Fanorona après des moments difficiles durant la Colonisation et pendant tous ces temps de méconnaissance , voire de mépris et d'oubli , retrouve maintenant ses lettres de Noblesse . Le jeu des princes est totalement dominé par les paysans.
Le prince Ramanetaka , le dernier gardien du jeu de Fanorona , peut dormir en Paix .Il désirait entre autres que ce jeu aux origines inconnues qui " reflète une partie de l'âme Malgache " soit populaire et International .
3 ) Conseil : Si vous croisez un jour un Malgache demande lui de vous tracer les cases et les lignes du Fanorona .