" Comment réussir une Migration " ?
Des acteurs de développement ( ONG's , Leaders paysans etc...) s'étaient , un jour , réunis , à l'initiative du Fonds Européen sur la Migration pour dégager , ensemble , des pistes d'actions pratiques pour créer des villages . ( 1 ) . Notre titre suggère déjà la louable ambition de ce projet de vouloir déplacer des populations vers les zones difficiles , désertiques , et voire , hostiles . Mais à ce jour , très peu initiative a vu le jour pour " faire de nouveaux villages avec des nouvelles populations " et les Malgaches continuent à s' entasser ( 2 ) dans les villes , ces centres qui sont aussi comme toutes les villes du monde , malades de leur croissance et (ex)croissance . D'après les projections diverses , une explosion démographique est à prévoir en 2025 dans la grande île et les contraintes migratoires seront à prendre au sérieux . D ' où l'atelier sus- cité .
Bref historique de la Migration
Les institutions concernées par le mouvement Migratoire étaient le Ministère de l'agriculture ou celui de l'aménagement des territoires actuellement . Les textes anciens de 1974 sur la migration définissait le rôle de l'État comme suit :
a ) l'État organisait les mouvements migratoires dans les zones définies par avance comme , par exemple , les Zones d'aménagement Foncier ( ZIA ) qui englobent tout le Moyen Ouest de l'île , cet immense plateau que les géographe dénomment la façade Mozambicaine . Les sites officiels destinés aux migrants ( mpifindra - monina) sont :
Ambararatabe ( Lieu des hauts bambous ) à Tsiroanimandidy ( 3 ) ,
Ajoma dans le Vakinankaratra ou
Ihosy dans région de la Haute Matsiatra ( 4 )
etc ...
b )Une enquête socio-économique et foncière était commanditée par le Ministère de tutelle pour les relevées pédologiques afin de savoir les cultures favorables à planter, et pour le calcul de surface à doter par famille ( 5 à 8 Ha /famille en moyenne ) .
c ) Des obligations sont exigées aux volontaires-migrants : " mise en valeur directe , paisible et effectif " ; interdiction de fermage et de métayage des terres octroyées .
Dates- clés
Les Kibboutz - Israéliens et les Coopératives
Avant 1972 , les Israéliens avaient initié des communautés - migratoires à aménager l'espace selon leur propre modèle . Les orangeraies israéliens étaient légendaires à l'époque .
En 1975 , la Direction des réformes agraires , ayant récupérée le projet migratoire , continua dans les sillons tracés par les Kibboutz , mais avec ce rien de doctrinaire et d'enthousiasme militant ( Coopératives Socialistes et révolutionnaires , à l'image du Doujtché Nord Coréen ) .
En 2006 , ce fut le revirement totale de la politique car la libéralisation et la privatisation ont été les nouveaux axes de travail officiel .Des réformes ont été décrétées : suppression des subventions d'État aux migrants ; rôle désormais " passif " de l ' État qui devint , non plus un accompagnateur et un soutien , mais un prestataire de services qui faisait payer ses conseils ; enfin l 'énorme difficulté du service de Migration même ( restructuration tactique selon le jargon ) , donc l'abandon de fait des " Terres sans paysans " .
Enfin , un schéma Directeur de la Migration fut crée afin d'harmoniser des futurs et possibles conflit d'intérêts entre les trois principaux acteurs : l'État et les élus, les opérateurs privés et les paysans- Migrants .
L'orientation de l 'État vers l 'Agro-business et la révolution verte pourra s'interpréter , et d'un , par l'abandon de la politique de soutien à la migration organisée des paysans et , de deux , par le feu vert accordé aux opérateurs privés étrangers ou non qui désireraient s'investir dans le créneau abandonné de l'agriculture .Au fait , des spécialistes soutiennent par ailleurs que " l'agriculture Malgache est un secteur sinistré " . Pour ces experts en développement , ce ne sont pas les mots/chocs et les slogans qui vont leur manquer entre nous .
L'actualité sur le Foncier est encore très agitée en ce moment . A l'exemple de l'affaire Daweo qui défraie toujours les chroniques dans les chaumières et même dans le monde entier . Madagascar avait osé " Chasser le dragon asiatique qui voulait manger leurs terres " selon un journal hebdomadaire Suisse .( 5 )
Et maintenant ?
l'État Malgache , à propos du Foncier et du mouvement migratoire , parle de " transition Foncière" , donc d'une situation de Statu quo quant à la politique ( le défi ? ) du retour réaliste et rentable vers la Terre dans l'intérêt supérieur de la paysannerie d'abord .
Avec ou sans les aides et les soutiens, nos paysans sillonneront toujours Madagascar à la recherche de bonnes terres , et avec ou sans papier en mains , nos bouviers - nomades traverseront toujours notre pays du Nord au Sud , en longueur d'année pour trouver des pâturages . Par coutume et par tradition .
La migration a plusieurs facettes et à la prochaine page , nous allons décrire les types de migrations ainsi que les modes d'occupation du sol .
Nouvelles du jour de pluie
La pluie est fidèle au rendez vous d'octobre , et depuis hier , elle arrose généreusement le sol et la plante . Les paysans sont bien contents , surtout ceux qui avaient labouré plus tôt leurs terres , en août ou septembre .
" Avec ou sans les sanctions internationales ...les paysans continueront toujours à produire et à vendre leurs produits et leur bêtes " ( 6 )
Enfin , une ONG's collègue avait célébré , avec fierté ses 20 ans d'action de formation paysanne en brousse , la responsable de l'institution , une ingénieur - agronome , en confrontation permanente avec les villageois avoua : " Seuls les paysans uniquement savent leur chemin pour trouver leur avenir..." ( 7 ) Elle fait allusion à la responsabilité et au bon sens dont les paysans - partenaires avaient fait preuve durant leur 20 ans de travail ardu et commun .La notion de co- cheminement avec les villageois est évoquée ici . Marcher ensemble ,.même si chaque personne a son propre destin , "marchons ensemble pour un bout de route... (miara-dia sy miara mandroso foana ).....
Bon Mardi
Bekoto
1) " Atelier sur " Migration intra- régional ou comment réussir une migration ? " 16 Août 2006 . Direction de la Migration . Ex Ministère de l'agriculture .
2 ) " s'entasser en ville " : ce verbe un peu gênant a été utilisé par un ex- responsable du Ministère de 'Agriculture . Mais la migration à Madagascar ne doit pas être en opposition contre la ville . La dérive idéaliste et polico-sentimental du style " vivre heureux et caché en brousse" et haïr les villes n'est pas une bonne approche pour comprendre et réussir un retour à la Terre...car les villages ont toujours besoin des villes et réciproquement .
3) Voir la Table Ronde des Voûtes de Février et notre amie Véronique " la Bretonne " de Tsiroanimandidy . Elle connaît bien la région . Bonjour Véro .
4 ) Bonjour Sophie Moreau de la Table ronde des voûtes aussi . elle possède une importante thèse sur cette région de la Haute Matsiatra .
5 ) Le journaliste - reporter Michel Beuret , de " l'Hebdo" n ° 36 , Septembre 2009 , en Suisse a réalisé un grand reportage intense et précis sur le Foncier à Madagascar . Merci à monsieur Beuret .
6 ) in Hebdomadaire " Lakroa n'i Madagasikara n° 3137. septembre 2209 . ( La Croix de Madagascar )
7 ) FIFATA. Antsirabe . Octobre 2009 .
Cher Namana Bekoto,
RépondreSupprimerJe voudrais m'arreter un peu sur la premiere paragraphe :
"Notre titre suggère déjà la louable ambition de ce projet de vouloir déplacer des populations vers les zones difficiles , désertiques , et voire , hostiles . Mais à ce jour , très peu initiative a vu le jour pour " faire de nouveaux villages avec des nouvelles populations "
Deux constats sont a faire pour le non developpement de cette dynamique:
1). le systeme de construction sociale est bloquee par notre legislation, c'est pour cela qu'il n'y a pas de nouveaux villages pour devenir des bourgs et des villes apres. La these de Rafolo indique que notre capacite constructive a partir de technologie hydraulique pour batir de nouveaux villages et s'installer ensuite. Parce que nous sommes de genie en hydraulique mais ce n'est pas comptabilise de faconn intellectuelle. Plusieurs amenagements attestent ce fait, la transformation des marais en rizieres par endiguement et maitrise de l'eau.
2). le souci des politiques publiques est la demarche individuelle via le prive ( sous entendu systeme capitalisme)
or Elinor OSTROM fait une resurgence spectaculaire dans son oeuvre Governing the Commons, ? Alors pourquoi delaisser notre tradition pour des actions de developpement que l'Etat seul ne peut faire et il ne peut etre present partout.
A plus