samedi 9 mars 2013

Miato ny Ady : La trève et la Peur ( Fin )

Introduction

Récit sur la rumeur criminelle en Brousse

 Dans l ' histoire des communes rurales , celle d  ' Anosiarivo Manapa mérite un détour quant aux effets néfastes de la rumeur et de la psychose collective . La commune étant située en zone rouge ou hostile , les autorités et la Mairie elle même avaient , ensemble ,décrétées que le jour du Mardi , jour du marché hebdommadaire , sera consacrée à informer le peuple ( Vahoaka ) sur la vie ou le programme communale et sur les informations importantes  sur la région . La communication se fait à la criée , sur la place publique donc . Les autoritées évoquèrent ainsi des faits imaginaires de brigandages qui sévissaient , selon les " bla bla bla " ( resabe tsy misy loha sy vodiny ), dans la zone selon ces termes : " Misy dahalo manakan - dàlana hono eto [ ...] ary manao hery setra any ireo mpiantsena aty hono. Tsy marina io tsaho io fa aza manely resaka toy izany isika [...] . " Il paraît que des bandits de grands chemin détrousseraient les gens qui viennent ici pour faire leur marché ...C 'est faux , nous vous prions de ne pas propager de telles informations . Rumeurs scuceptibles de perturber notre paix sociale etc ... " .
Mais... mais est ce en raison de la si faible portée de la voix de l ' orateur dans cette foule si dense ou bien , est ce  la paranoïa ambiante qui s 'est bien imposée , dans l ' inconscient collectif , comme la loi du " non - dit " ? . 
Personne ne la saura la vérité , car , justement après l ' annonce officielle , à la criée des nouvelles, une autre nouvelle rumeur sur une attaque imminente de Dahalo se propagea , tel un feu sauvage des herbes de brousse , incendie incontrôlable , ravageuse . Ce qui provoqua une réelle panique et belle terreur . Bref , la commune , après ces troubles provenant d ' un malentendu, institua alors une loi sévère contre la rumeur .Toute personne colportant des fausses informations propres à gêner la vie sociale sera ainsi passible d ' amende ou même d ' emprisonnement . Cf : Archives de la Commune Rurale de Manapa . 2000 .
 Un mot , une phrase et une parole , sous forme de " on dit " et commérages , peuvent être  graves et déstabilisantes car assasines : Guerre psychologique selon les uns , et intoxication ou viol de la conscience collective pour les autes, ou manipulation et gestion des foules selon les sociologues .
La parole est - peut être - sacrée , mais cela dépendra , et de la crédibilité , et de la qualité de l 'orateur bien sûr . Le silence est d ' or aussi . Dit - on . Fa ( Ny teny toy ny Salaka , ny tena ihany no fatorany ) :  Mais : La parole est comme une pagne qui ne ceint que son propriétaire et que cette parole n ' engage que celui qui la donne " . 
Le VERBE assasine et tue ou sauve , et un seul mot peut faire plus de mal qu ' un coup de hache .

 Reprise d'article .

 Jeudi 11 novembre 2010


FONCIER N° 19 : Le point de suspension ...

 
Commentaires : miniature sur Pousse pousse . le couple paysan revient du Marché de la ville (Avy niantsena dia nody izy mivady) .

Salama


Un litige foncier avait brutalement éclaté , début Novembre ( 2 010 . NDLR ) , dans la commune rurale montagneuse d'Ambatonikolahy , dans un minuscule Fokontany , celui d' Antanifotsy . Les pourtours de cette affaire gardent encore ce rien d'étrange et de mystérieux surtout . ( 1 ) .

Commentaires : Écriture sur Pousse " Marina ve fa aleo mifanena any Mpamosavy toy izay aminy Mpandainga ? ( Est -ce vrai qu'il est préférable de rencontrer une sorcière que d ' avoir affaire à un menteur ? ) . L'auteur paysan doute beaucoup de ce proverbe traditionnel moralisateur . L'épouvante et la terreur des sorciers sont trop primaires que le chaos mental occasionné par la sorcellerie ( ody mahery ) n'a pas d'équivalence en termes de dégâts ( nisy namosavy ..lasa adala ) ...Un menteur ou un mythomane ne sont rien par rapport à la nuisance psychologique ( psychotique ? ) fomentée par de mauvais et terribles sorciers . Selon notre paysan peintre .

Récit d'Ambatonikolahy

La commune est haut perchée dans la massif d'Avoko , petite chaîne montagneuse située au Sud de l ' Ankaratra . Avoko est nommé par les paysans la petite sœur d'Ankaratra . Avec des 1900 mètres d'altitude environ , et ses micro - climats propre à ce climat tropical d'altitude , la chaîne montagneuse d'Avoko encaisse de plein front les vents dominants du Nord Est . Le paysage façonné par la paysannerie se caractérise par de magnifiques rizières en escalier et des bocages d'arbres fruitiers qui protègent les cases en pisé du vent fort et froid .
Historiquement , c'est aussi le lalan'Andrefan'Ankaratra ( piste à l'Ouest de l'Ankaratra ) , refuge des Mena Lamba ou rebelles durant les guerres de résistance face à l'armée coloniale après 1897 . La création de la route Nationale n ° 7 était plus stratégique qu' économique . Cette route , nouveau pôle de développement , aspira la population des Montagnes et vida , en partie , les massifs montagneux de leurs paysans montagnards , ces descendants des" mena Lamba " si j'ose le dire ainsi . Voilà , en bref , pour les traditions et us et coutumes d'Avoko .

Commentaires : Dessin sur Pousse pousse . La terreur (Koditra) . Un voyageur étranger se perdit dans la nuit et fut poursuivi par une sorcière . Derrière la sorcière ( pourquoi c'est toujours une femme en fait ? ) , à droite du tableau , deux tombes en traits blanchâtres où on distingue confusément une croix . Les sombres nuées et la dominance des couleurs bleu - nuit et gris cendre sont géniales . Le beau fuyard , en couleurs techno chrome , est représenté comme un " occidentalisé " avec ses tennis et sa tenue de sportif . La contradiction entre un sportif couard et une"belle" sorcière aux formes nettement féminines perturbent et déstabilisent .

L'imaginaire du paysan montagnard :


Durant mes anciennes missions de développement dans les années 90 dans cette commune , trois faits m'avaient , à l'époque , intrigués et fascinés . Le Vazimba Mena , le circonciseur fou et la foudre .
Le Vazimba Mena était , d'après les montagnards , l 'esprit roi d'un Vazimba qui hante et possède encore toutes les sources d'Avoko . Tabous et interdictions protègent les sources . On n'a pas le droit de porter des vêtements de couleur rouge en allant à la source par exemple . Un paysan qui travaillait avec moi à l'époque me narra qu'une fois , des tourbillons écarlates étaient partis d'une de ces sources sacrées et avaient arrachés tous ses pommiers plantés dans sa cour . Le devin consulté du coin lui aurait alors demandé : " As tu profané l'eau du Vazimba mena ? " ( nanota azy ngaha ianao ? ) " Non ... Jamais ( Tsia , sanatria ) " répondit - il affolé . Mais l'enquête du devin conclut que mon ami paysan avait commencé à élever des cochons et qu'un animal s'était bel et bien abreuvé dans l'eau du Vazimba mena qui n'aime pas les cochons . Profanation . Mais est - ce un reliquat culturel de l'Islam à Madagascar ? . Le paysan arrêta vite son élevage maudit et se recycla dans les canards mulards ( sarin - dokotra ) . Les tourbillons arracheurs d'arbres et de toits s'étaient , dit -on , arrêté après coup .
Le circonciseur fou , lui , était un criminel spécial , un psychopathe traditionnel ( est -ce le mot ? ) . Il guettait les petits garçons , les kidnappait et les sectionna , à vif , son prépuce si l'enfant n'était pas encore" fait", ( Mbola tsy vita fora 'ty) .
Le Fokonolona et les gendarmes l'ayant enfin attrapé , furent médusés d'avoir dans leurs mains un vieux paysan , rachitique , halluciné et possédé , cheveux fous en rasta , armé d'une faucille à la lame acérée et , enfin , revêtu d'un douteux toge rouge ou linceul ( ? ) ( lamba mena paty ve io tafiany io ? ) . le suspect déclara solennellement, à sa décharge , que les Razana , (ancêtres ) ne désireront jamais la présence des non -circoncis dans leurs montagnes . Et , enfin , la foudre . Des lieux sont réputés pour être interdits d'habitation . Et les nouveaux migrants qui s' installent doivent prendre en compte ces croyances . Je constate seulement que ces " lieux haïs par la foudre"( alan- baratra ) sont toujours à proximité des sources du mystérieux Vazimba mena . En connaissance de cause donc , il m'avait été très difficile de concevoir , avec les paysans , des projets hydrauliques comme ceux de puiser l'eau de ces sources pour alimenter en eau potable les vallées en contre bas . L'imaginaire paysan et ses logiques culturelles sont ici un facteur de blocage culturel ou un ralentisseur à toute tentative d'innovation dit moderne . Et toute négociation doit passer par la médiation des esprits et par l'irrationnel . Délicate mais passionnante mission !
Commentaires de l'enseigne : Le tabou en viande de porc est aussi observé par les hôtels et gargotes . Enseigne d'une gargote halal sur la Nationale 7 . ( Les repas servis ici sont sans viande de porc)



Commentaires : Logo fantaisiste sur Pousse . Éclectisme figuratif inspiré par 3 symboliques . Les étoiles et les couleurs bleues de l 'Union Européenne ( UE ) sauf que l 'UE possède 12 étoiles , et le dessin 11 étoiles jaunes . La face frontale de zébu qui figure aussi dans une ancienne pièce de monnaie ( ariary be ) et enfin la grande maison qui symbolise le Trano be Gasy , la Nation Malgache , ou la grande Famille Malgache pris dans son sens restrictive et inclusive car la Famille Gasy , purisme et chauvinisme mise à part , est aussi composée de ces étrangers vivant ici sur place depuis très longtemps avec nous ou ses générations d'après ( Grecques, annamites , Pakistanais , Polonais , Africains etc....) . La petite minorité des " métis " résidant localement , dans le sens positif du terme , se traduit par Safiotra ( métis ) car Miotra , possède la même résonance que Mihaotra et qui signifie : se dépasser et posséder un plus .

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