mercredi 12 septembre 2012

FÊTES DES VILLAGES ( LANONANA )

Commentaires : Photo : Zébus dans leur pâturage naturel . Moyen Ouest . Commune rurale d ' IKALAMAVONY . La civilisation du zébu serait une de nos identités Malagasy . Ce bovidé est plus qu ' un animal : c est une marque de prestige sociale , une richesse aussi car monnayable en cas de difficulté financière . Souvent deux ou trois personnes assurent le gardiennage de 100 à 500 têtes de zébus disséminés dans un immense pâturage de plus de 100 hectares parfois . Une des approches " capitalistes " y voit dans cet animal un gros tas de viande destiné au marché , d ' où le terrible malentendu culturel . La logique du marché est une chose , mais celle de la logique " civilisationnelle " en est  une autre ( Acculturation  ) .

Introduction
Les rassemblements festifs , cadencés par les saisons , sont des coutumes dont les formes évoluent avec " le progrès " , sinon , le fond culturel et traditionnel reste encore comme notre marque identitaire des peuples de notre grande île . La première fête s ' était passée  en Août de cet hiver dernier , dans la commune rurale d ' Anbohidranandriana : le festival des poissons . La seconde , dans la commune de Soavina , au sud du Fleuve de la Mania : la fête des Ancêtres ( exhumation dit - on . Traduction primaire de FAMADIHANA) .
                            
Commentaires : Pêche à la nasse dans un étang  Cette nasse est confectionnée judicieusement avec les souples branchettes de mimosa . Nos paysannes y mettent ensuite dans leur petit panier en équilibre sur leur tête ,  la prise . La nasse est utilisée  pour attraper les petits poissons ou les PIRINA ou gamètes , cette espèce introduite à Madagascar et destinée à éliminer et à dévorer les larves de la moustique anophèle , ce porteur du paludisme . ( Dessin naïf en miniature et anonyme sur les  Pousse pousse )

Festival des poissons
La commune d ' Ambohidranandriana est longée par l ' affluent de Sahatsiho qui se jette vers le Sud , dans le fleuve de la Mania . Depuis des années , l 'affluent rongeait ses bords et " mangeait " les terres de cultures . Et les villages riverains ne cessaient alors de reculer vers l ' intérieur des terres . Durant la saison des grands vents cycloniques  de Janvier , les eaux , furieuses et sauvages , débordaient et creusaient , en se retirant ,  des anses ou des niches ou étangs à poissons " sans propriétaires ( Trondro tsy misy Tompony ). Les paysans maîtrisèrent alors ces surfaces poissonneux en confectionnant des diguettes , des sorties d 'eau pour évacuer le " trop plein " . Une réunion populaire , en accord avec les autorités communales décrétèrent ces DIBO ( étang poissonneux ) comme propriété collective , inaliénable et objet des fêtes et coutumes saisonnières . Le Festival des poissons fut ainsi né . Des milliers de villageois résidents se rassemblent au bord du fleuve : Cérémonial de la levée du drapeau national , hymne national , musique et fanfare villageois et , enfin , le coup de sifflet suivi d ' une extraordinaire et joyeuse ruée pour attraper à la nasse tous les poissons possibles . Ces surfaces sont estimées entre 5 hectares et 10 hectares . Ailleurs , il existe bien ce genre de fête saisonnière comme le Festival du Litchis sur le côte orientale ou la Fête du Girofle ou encore la Fête de la Vanille . Il y a même le Festival OVY ( Patate ) dans ma région des hautes Terres .
Observations 
Ce festival des poisons se distingue par un discours traditionnel adressé à l ' endroit des " aux esprits du fleuve" ( Tompon - drano ) à qui l 'orateur ( Mpikabary ) s 'excuse d ' avoir dérangé son monde et son fleuve . Des rites et interdits aussi accompagnent cette fête  : Il est , par exemple , tabou de porter des vêtements de couleur rouge , ou de manger de la viande de porc à cette occasion .  Malgré ces croyances , la commune projette de rationaliser ces étangs et marigots pour en faire des piscicultures plus rentables . 
 
Commentaire : Sculpture en relief sur bois de palissandre : " Le bon buveur assistant à une fête traditionnelle  " ( Ilay mamo lava milanonana )

Fête des Ancêtres ( dit exhumation )
 Remarque  : Ce mot exhumation est impropre , voire inexacte , pour bien caractériser cette relation respectueuse et affective que les Malgaches entretiennent avec leurs ancêtres invisibles ( ou morts selon le mot clinique  ) .
Cet hiver dernier encore , en Juillet , les paysans de Soavina organisèrent leur Fête des Ancêtres . C ' était Un important tombeau d ' un respectable Clan avait été ouvert afin que ces descendants et proches parnts claniques puissent " réchauffer " et recouvrir de linceul de soie sauvage les " Taolam - balo ' ( Ossuaire composée des membres inférieurs et supérieurs ) . Il y eu une affluence de gens des villes et des villages environnants ( plus de 1 400 invités environ ) . Les familles organisatrices  durent donner à manger à tout ce peuple durant 4 jours et 3 nuits ; 9 zébus gras et 10 gros porcs furent abattus et cuits au feu de bois dans ces énormes chaudrons en aluminium de 60 litres de capacité ; 220 oies et canards et oies furent servis à ceux dont le porc était " tabou "  . La famille avait dû  mettre 3 ans pour organiser cette rencontre traditionnelle .
Les traces du " progrès " étaient bel et bien là : leurs enfants résidant Outre Mer envoyèrent leur obligation financière ( Adidy )  par voie postale ; les familles paysannes filmèrent en numérique la fête où grand père et grand mère , euphoriques et larmoyants à la fois , dansaient avec ferveur autours de leur tombe ancestrale , cette dernière porte de notre vie !. Ce film envoyé plus tard ailleurs sera considéré comme une relique et une mémoire perpétuant la culte de la terre des Ancêtres .

Observations
La gestion de ces milliers de personnes s 'analyse dans la fameuse " économie sociale " cet autre nom d ' un Capitalisme " doux " ( sans contradiction aucune ) et ayant une vocation mois prédateur et moins égoïste . Nous ( Malgaches , Africains etc ) nous calculons aussi , mais exactement dans le précieux domaine du social tout en respectant rigoureusement nos traditions et coutumes .
La réciprocité se traduira , à ce niveau , par le " Valin - tànana " ( Rendre les bonnes services que vous en avez rendu votre voisin une fois ) .
Enfin les balises sont fondamentalement d ' ordre éthique : le sens de la HONTE , le devoir social de RESPECT de l ' homme , la SAUVEGARDE normale des traditions ancestrales . Un adage confirme " qu '  Il n ' y a jamais de fous , mais surtout des idiots , des tarés et des débiles; Et ceux ci ( idiots ) ne respectent plus rien , ni coutume , ni voisin , ni eux même ) Tsy misy ny adala fa ny kaondrana no betsaka...Ny kaondrana dia  tsy mahalala fomba ) .Ayez honte de vos agissements  , on dirait que vous n ' êtes pas des authentiques Malagasy  dit - on souvent à la vue de ces comportements et discours  asociaux et bizarroïdes imitant les scènes occidentaux véhiculés par les films ( violence gratuite , frime gestuelle , habillement farfelu  etc... ) ( Mba mahalala menatra re é , ohatrany ny Gasy ery ianao  ) .

Bonne journée



Commentaires : Dessin anonyme populaire sur Pousse pousse ; MASOANDRO MODY ( Le couchant ) et la Métaphore sur la mort et les ombres crépusculaires : " Finaritra ery ny mijery masoandro mody , kanefa ny marary manao izay hafany ainy hahita andro maraina " " Il y a ceux qui contemplent avec joie et émotion ce magnifique coucher du soleil , mais pourtant , il est des malades agonisants à bout de souffle qui espèrent encore revoir le soleil se lever à l ' aube " . Quelle élégance ' traditionnelle "  face à l ' ordre naturel du destin de notre Monde des vivants : naître , vivre et mourir . Et sans " pathos " S V P .

BEKOTO

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