samedi 20 février 2010

HISTOIRE DU TAMBOHO NTALO ( Mur Séculier Malgache)

Ode au " Tamboho Gasy "
Io izy io mijoalajoalao ( les voilà ces fiers murs ancestraux )
Mitazana anao mandalo ( ils regardent l'homme qui passe )
Mijery anao miha " fotsy volo " ( ils contemplent vos cheveux blancs )
Endre 'ty izy , vavolombelona lehibe ary mandrakizay any lasa Taloha (Ô les voilà ...témoins géants et éternels des siècles passés)
Kanefa toa mibanjina ny ho avy ( et pourtant ils semblent aussi fixer de leur regard infini l'avenir)
Extrait d'une chanson populaire paysanne ( hira Gasin ' Dramilison Be Sigara )

Dessin sur pouse pousse : Tànana anaty Tamboho Gasy (maisonnées dans une enceinte de terre traditionnelle)

INTRODUCTION
Le " Tamboho Ntaolo" ou les murs séculiers restent le prestigieux vestige muet de l'histoire de l'Imerina , sur les hautes Terres centrales . C'est maintenant que la jeune génération des Malgaches se penche , avec passion , sur ces murs en terre "compactée" et damassée dont les procédés de fabrication confirment encore plus l'ingéniosité des anciens ( mahay ny razana taloha) ) où , durant un long moment , le ciment et les matériaux modernes de construction étaient ignorés , délaissés , voire méprisées par les Malgaches , car c'est d'une laideur estimaient-ils (tsy tsara anie itony vita Vazaha itony é)

Dessin sur pousse pousse : détail du dessin plus haut ; maison du côté gauche .

Les Rites et croyances sur le " Tamboho Gasy"
Ces murs de terre , rouge latéritique ou couleur de Terre brûlée selon le mot professionnel du peintre , caractérisent essentiellement les Hautes Terres de la Région d'Analamanga ( ex- province d'Antananarivo ) .
Des règles précises de constructions étaient appliqués quand les Anciens érigeaient leur "Tamboho" ( 1 ) .Ces monuments avaient plusieurs fonctions socio-économiques dans l'ancienne Société rurale de l 'Imerina . Ces murs délimitaient d'abord un lieu de résidence . La hauteur de l'édifice marque la classe sociale du propriétaire .
Comme l'érection de ces murs se faisait pas tranches successives ou par étages si l'on veut , la première tranche de base achevée , il fallait attendre que celle-çi soit sèche (maina tsara ny tany ) et solidifié (miamafy ny tany ) pour , ensuite rajouter la deuxième tranche et ainsi de suite pour en finir à la hauteur idéale ( 5 mètres , 9 mètres et 11 mètres ) . Constatons la symbolique des nombres impairs dans l'édification du " Tamboho " .

Dessin sur pousse pousse : détail du dessin plus haut : maison côté droit .

Notion ésotérique des Chiffres
du " TAMBOHO "
Je risque ici de m'égarer faute d'éléments solides et références historiques exactes . C'est un essaie maladroit d'explication des chiffres ésotériques appliqués dans la construction des"Tamboho Gasy " .
Il faut ériger progressivement ces murs en tranche et étages impairs et entamer à partir d'un jour faste ( mijery andro tsara ) qu'un " devin " désigne et ordonne .
Il ne faut pas que le propriétaire dépasse les 11 étages de mur ( iraika amby folo no farany). Une case possédant un mur de cinq niveau ( Tamboho lafiny Dimy ) appartient , par exemple , à une famille de condition modeste ( olon- tsotra) . Une case ayant déjà un ' tamboho" de sept tranches révélait l'aisance de la Famille . Le mur de neuf étages signalait le domaine du millionnaire ( mpanefoefo , mpanarivo ) .

De l'urbanisation en milieu rural ( 2 )
Titre contradictoire . Juste pour mettre en conflit positif les anciennes mode de construction Malgache ( tànana vita Gasy ) vis à vis de la modernisation du paysage urbain et rural .
J'avais eu le loisir de discuter avec nos jeunes architectes et futurs paysagistes Malgaches de la Capitale qui semblent appliquer systématiquement les leçons " modernes " d'aménagement du territoire (Verticalité des bâtiments à la Hong Kong , usage phénoménale de béton importé bien sûr , concentration de population en un minimum d'espace , etc ...) ( 3 ) . Et j'avais exprimé aussi mes doutes sur ces coûteux modes d'aménagement trop bien inspirés de l'extérieur en incitant nos futurs ingénieurs à revoir les modes et savoir faire ancestraux dans la conception des bâtiments (Une construction moderne nécessite déjà plus de 30 % de ciment ) . Or , ces " Tamboho Gasy" étaient là depuis presque 200 ans . Ils défient le temps et les intempéries . Ils sont si beaux en plus . Et si l'avenir de la construction à Madagascar se trouvait...en arrière , et à la mode " de chez nous " , celle des Anciens ? Essayer , en plus , ne coûte rien . La terre rouge latéritique étant une matière première inépuisable et gratuit ! Rêvons un peu . C'est gratuit d'imaginer un paysage moins bétonné et moins inspiré par ces paysages standards et monotones des pays dits riches ! Osez vivre et faire notre différence . Charmant programme d'avenir car l'imagination constructive est aussi un petit pouvoir .

Photoblogpaysans : " Fahitr'omby tany Imerina Fahagola ary vita faribolana ou traditionnel enclos des zébus en mur de terre à figure circulaire . Commune rurale d'Ankadikely Ilafy . Antananarivo . Février 2010 .

Bon week end
Bekoto

Notes
1 ) Ces murs étaient fait avec l'alliage d'œufs et de bouse de zébus qu'il fallait macérer et piétiner durant des longues journées ou même des mois . Il fallait attendre que la mixture soit " cuite " ( miandry azy ho masaka tsara ) selon un bon vieux paysan de 80 ans . Ralitera Basile d'Ankadikely Ilafy dit Rabazy bainina . Des rites et coutumes sont pratiqués dans toutes constructions , y compris celle des tombeaux ( manao fomba , mahalala fomba tany )
2 ) Une notion étrange et confuse circule depuis un certain temps ici : " ville rurale " . Je suis un peu perdu par ce mot tout à fait antinomique ou suis je bête ? pourquoi pas " village urbain ? "
3 ) École d'architecture et des Arts et Métiers du 67 Ha . Antananarivo .

9 commentaires:

  1. Je suis comme toi, ils me fascinent.
    Ca a été drôlement étudié d'ailleurs, ces TAMBOHO GASY, notamment par les archéologues de formation historienne de l'Institut des civilisations, (ex-Musée d'archéologie, Isoraka).
    Tu peux contacter Chantal Radimilahy, une mine cette fille. Et Rafolo Andrianavony. Google-les.

    Nivoelisoa G.

    RépondreSupprimer
  2. Merci du renseignement qui doit bien servir surtout à nos jeunes architectes et urbanistes à la Recherche d'une personnalité culturelle pour le paysage " Gasy" et pour la révalorisation de l'Habitat local.
    J'ai vu récemment aussi à Ambatolampy (site de Tsinjoarivo ) , cette construction traditionnelle en terre( ROVA) qui défie le temps et les climats 300 ans après . Il y a de l'avenir en arrière . Sans nostalgie aucune bien sûr . Monsieur Rafolo ne fait -t-il pas aussi de l'archéologie sous marine ?
    Bon vendredi
    Bekoto

    RépondreSupprimer
  3. Ben, les sites sont faits pour se compléter. Mais le tien présente l'avantage de partir du vécu-vu-ressenti au quotidien. On y va plus volontiers que sur les sites qui se présentent avec la gravité et l'austérité de l'U.
    Rafolo ne fait pas d'archéologie sous-marine à ma connaissance. Il doit préférer l'altitude à la profondeur ! Il nous a emmenés à Tsinjoarivo (pour une fois l'Angap n'a fait payer personne). Intéressant, en effet.
    Comme tu dis, l'avenir est dans le passé !
    En tout cas, c'est désormais comme ça qu'on gagne notre pain quotidien : le présent est illisible et le futur encore plus brouillé.

    PS Ton site m'insulte dans la vérification des passes. Ha ha ha.

    RépondreSupprimer
  4. Cher Nivo
    Mais j'ai vu Rafolo ici à Antananarivo qui est à Rarihasina ....avec les objets d'archéologie sous marine ...Je me trompe peut être sur son compte ? sinon je vais oser lui demander ...
    merci Nivo et au plaisir de nous revoir ici à Madagascar ou partout dans le monde
    Sincèrement
    bekoto

    RépondreSupprimer
  5. Ou est-ce qu'on pourrait trouver la composition exacte du melange oeufs/bouse/argile svp? Merci

    RépondreSupprimer
  6. Je découvre tardivement votre contribution sur les tamboho ; elle m'enchante car ces magnifiques constructions font mon admiration mais par ailleurs ne semblent pas retenir une attention au niveau qu'elles méritent.
    Puissent vos efforts ouvrir les yeux des propriétaires et responsables de tout genre... et inspirer les architectes.
    Il y a deux ans lors d'un passage dans votre pays j'ai visité un ami, au nord de la plaine de Laniera, qui à quelques distances de sa maison venait de clore d'un tamboho un grand terrain qui lui appartient ... sans utilité immédiate : tout n'est donc pas perdu.
    Continuez.
    Paul

    RépondreSupprimer
  7. Bonjour,
    j'aime votre article sur les Tamboho..mais helas je ne parviens pas à contacter mles deux personnes que vous sitez
    pourriez-vous m'aider
    merci d'avance
    dominique@de-tassigny.com

    RépondreSupprimer
  8. bonjour.
    j'aurai une question, en quelle année exactement les malgaches ont eu l'idée de créer ces fameux tamboho gasy.
    merci

    RépondreSupprimer
  9. izaho koa mba te ahafantatra marina ny akora nampiasaina, ilay resaka atody aloha mety ho tena natao tokoa kanefa heveriko fa tsy izay no tena mampateza azy , manana fikasana hanao tamboho ntaolo mihitsy aho ary mikasa hanatsara kely ny lafiny teknika

    RépondreSupprimer